Vrai ou faux
La France est-elle "systématiquement" en déficit depuis 50 ans ?

Alors que la France vient d'enregistrer en 2023 un déficit de 5,5% du PIB, le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy et la candidate Renaissance aux européennes Valérie Hayer assurent tous les deux que la France est "systématiquement" en déficit depuis 50 ans. C'est vrai.
Article rédigé par Lise Roos-Weil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministère de l'Economie et des finances à Paris, le 25 Mars 2023. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Le résultat était attendu depuis plusieurs semaines avec appréhension. La France a enregistré en 2023 un déficit de 5,5% du PIB, d'après les données de l'Insee publiées mardi 26 mars. Sur ce sujet, le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy, et la candidate Renaissance aux européennes Valérie Hayer, font pour une fois le même constat : "Cela fait 50 ans que la France est systématiquement en déficit", a dénoncé le premier sur LCI. "La France n'a pas eu un budget à l'équilibre depuis 1974", constate la seconde. Vrai ou faux ?

La France en déficit, sans exception, depuis 1975

C'est vrai, la France est en déficit tous les ans, sans exception, depuis 1975. Il suffit pour cela de consulter les données recensées par l'Insee. Depuis 50 ans, les dépenses publiques du pays sont plus élevées que les recettes : "Le déficit public au sens de Maastricht mesure la différence entre l'ensemble des dépenses courantes, dépenses d'investissement non financier et transferts en capital que les administrations publiques effectuent, d'une part, et l'ensemble de leurs ressources non financières, d'autre part", précise l'Insee. Le déficit est souvent présenté en pourcentage du produit intérieur brut (PIB). Pour compenser ces déficits, l'État s'endette. Le cumul des déficits alimente donc la dette publique.

De la première crise pétrolière à la crise des subprimes

La France est bien en déficit depuis 50 ans mais avec des variations notables. Avant 1975, le pays avait déjà été dans le rouge, mais cette année-là, une bascule s'opère. En pleine crise pétrolière, la France passe en récession pour la première fois depuis l'après-guerre. Cet épisode sonne la fin des Trente Glorieuses. Le déficit public s'établit à 2,9% du PIB. À partir de là, les déficits s'enchaînent chaque année, sans arrêt mais avec deux chutes notables. En 1993 d'abord, quand la France connaît une nouvelle récession, principalement due à la crise du Système monétaire européen (SME). Le déficit public français dépasse les 6%. En 2009, une nouvelle crise économique frappe l'hexagone, répercussion de la crise des subprimes aux États-Unis. La France enregistre plus de 7% de déficit.

En 2020, avec la crise du covid, c'est un nouveau record qui est battu. Le monde entier est à l'arrêt et l'État multiplie les aides publiques. Le déficit public français culmine à 9%. Le plus gros trou jamais enregistré depuis l'après-guerre. Mais la France n'est pas la seule concernée. Le déficit, à l'échelle de l'Union européenne, s'élève à 6,7%, comme l'indique Eurostat. L'Italie, l'Espagne, la Grèce ou la Roumanie sont encore plus dans le rouge cette année-là. Même l'Allemagne, pourtant habituée aux excédents budgétaires, enregistre en 2020 un déficit de 4,3%.

En pleine pandémie de covid, le déficit culmine à 9%

Après de telles crises économiques, les déficits ne se résorbent pas d'un coup. D'autant que, depuis 2022, l'Europe subit aussi les répercussions de la guerre en Ukraine. En 2022, en France, le déficit public frôlait encore les 5%. En Italie, il atteignait encore 8%. Cinq États de l'Union européenne affichaient quant à eux un excédent, notamment le Danemark (+3,3%), Chypre (+2,4%), l' Irlande (+1,7%) et la Suède (+1,1%).

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