Vrai ou faux
Anne-Claire Coudray, Julian Bugier ou Gilles Bouleau ont-ils vraiment vanté les mérites d'une application en plein journal télévisé ?

Ces vidéos se multiplient sur les réseaux sociaux : on y voit des célèbres présentateurs des journaux télévisés faire la promotion d'application pour des jeux d'argent ou des investissements en ligne. Il s'agit en réalité de "deepfakes", des vidéos détournées grâce à l'intelligence artificielle.
Article rédigé par Lise Roos-Weil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Image extraite d'une des "deepfakes" montrant Anne-Claire Coudray et Maître Gims. (CAPTURE D'ECRAN)

Vous êtes peut-être tombé sur une de ces vidéos en scrollant sur les réseaux sociaux. On y voit Julian Bugier, Gilles Bouleau ou encore Anne-Claire Coudray faire la promotion d'une application, pour un jeu d'argent ou pour investir en ligne. Dans l'une d'elle, la présentatrice du JT de TF1 est en plateau, aux côtés d'un célèbre rappeur. Elle s'adresse à nous : "Le chanteur français Maître Gims a lancé une nouvelle application qui permet aux Français de devenir très riches, des centaines de Français ont déjà installé cette application". Gims lui-même prend la parole. On reconnaît bien le décor du plateau de TF1 et la voix de la journaliste et du rappeur. Anne-Claire Coudray a-t-elle vraiment fait la promotion, sur le journal de TF1, d'une application de Gims ?

Une vidéo détournée grâce à l'intelligence artificielle

Image extraite d'une des "deepfakes" montrant Anne-Claire Coudray et Maître Gims. (CAPTURE D'ECRAN)

Evidemment, c'est faux. Il s'agit en réalité d'un deepfake, une vidéo détournée grâce à l'intelligence artificielle. Des anciennes vidéos, quand Gims a été invité sur le plateau de TF1 en décembre dernier,  ont été utilisées, mais la voix a été clonée et le mouvement des lèves modifié. Dans la suite de la vidéo, on nous montre même des pseudo utilisateurs de la fameuse application, satisfaits. "Nous avons gagné 1 389 864 euros, et nous remerceions Maître Gims de nous avoir donné l'opportunité de changer de vie", semblent-ils dire. Encore une fois, ce sont des anciennes images, issues de reportages télévisés, modifiées. Un faux reportage construit de toutes pièces.

Des vidéos du même type se multplient, avec la même recette : un présentateur de journal télévisé bien connu vente les mérites d'une application, souvent en s'appuyant sur une célébrité. Stromae, Omar Sy, ou encore le youtubeur Squeezie sont déjà apparus dans ce genre de "faux reportage". Ces vidéos sont toujours sponsorisées. Elles renvoient vers des applications ou des sites de jeux d'argent ou d'investissements en ligne, plus ou moins sérieux, mais qui sont, eux, bien réels. Ils utilisent une façon détournée de faire de la publicité.

Le phénomène n'est pas nouveau. Le spécialiste et enseignant en nouvelles technologies Victor Baissait, qui s'y intéresse depuis des mois, a remarqué des premières vidéos dès 2022, mais avec des outils d'intelligence artificielle très basiques. Aujourd'hui, les "faux reportages" sont plus réussis et plus nombreux. "Je me concentre sur les vidéos francophones, et j'en ai recensé des centaines ces derniers mois", explique-t-il au micro de franceinfo. Pourtant, une partie des vidéos publiées sont supprimées, "il y en a donc des dizaines de milliers", évalue Victor Baissait.

Les médias prennent le sujet au sérieux

Comment repérer ces faux reportages télévisés ? Plusieurs détails doivent être observés avec attention : la qualité de l'image ou du son, un éventuel flou au niveau des lèvres, des fautes de grammaire, des mauvaises liaisons ou encore un débit saccadé.

Les médias prennent en tout cas le sujet très au sérieux. Le groupe TF1, contacté par franceinfo, assure agir "systématiquement" lorsqu'ils découvrent l'existence de telles vidéos détournées, en utilisant plusieurs leviers : "Suppression des contenus, action pénale et démarches auprès des autorités de concurrence afin de montrer qu’il n’y pas d’impunité en la matière".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.