"Plus de policiers et gendarmes blessés en trois mois que sur une année de maintien de l'ordre" ?
Le délégué du syndicat de policiers exagère légèrment le nombre de policiers et gendarmes blessés depuis le début du mouvement de contestation contre la loi Travail. D'après le dernier bilan communiqué par le ministère de l'Intérieur, le bilan est de 554 membres de forces de l'ordre déclarés blessés depuis trois mois.
Stanislas Gaudon a par contre raison de pointer le fait que ce bilan est légèrement au-dessus d'une année "normale" de maintien de l'ordre. D'après les chiffres communiqués par les directions générales de la police et de la gendarmerie, le nombre de blessés en mission de maintien de l'ordre varie entre 450 et 550 blessés chaque année depuis 2010.
Ceci dit, on trouve des années plus violentes dans les données de l'Office national de l'Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale. En 2009 par exemple, 641 policiers et gendarmes blessés. C'est l'année du Sommet de l'Otan à Strasbourg, avec ses scènes d'affrontements entre forces de l'ordre et blackblocks.
Par ailleurs, il faut également souligner que les méthodes de calculs du nombre de blessés diffèrent entre police et gendarmerie. La première compte les déclarations de ses agents alors que seule l'ouverture d'une procédure administrative est prise en compte chez les gendarmes.
"Le niveau de tolérance au désordre a baissé"
Mais peut-on dire que ces manifestations contre le projet de loi Travail est le signe d'une augmentation des évènements violents lors des mouvements de protestation ? C'est l'une des questions sur lesquels ont planché les députés de la commission d'enquête parlementaire après la mort de Rémi Fraisse sur le barrage de Sivens. Ils ont interrogé l'an dernier plusieurs associations, des chercheurs, des préfets, des représentants de gendarmes et de policiers sur le sujet.
Ce qui ressort de ces entretiens, en substance, c'est d'abord qu'il y a eu des mouvements sociaux beaucoup plus violents en France dans les années 50, 60 et 70. Ceci dit, la contestation sociale a effectivement évolué ces dernières années, avec des grandes manifestations syndicales un peu moins encadrées en interne, l'émergence de mouvements plus spontanés, sans vraiment d'organisation, donc plus compliqué à gérer pour des forces de l'ordre dont les moyens pour les missions de maintien de l'ordre ont baissé. Et il faut ajouter à cela, une médiatisation beaucoup grande des manifestations et des épisodes de violence.
Conclusion du chercheur Cédric Moreau de Bellaing : "C'est en fait le niveau de tolérance au désordre global qui a baissé parmi le public ou chez les policiers mais aussi chez les manifestants. "
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