Les femmes sont trois fois plus bavardes que les hommes ?
Faux.
Les femmes sont des pipelettes, les hommes sont des taiseux. On pensait que c'était un cliché, voilà qu'il est chiffré. Ces chiffres, "7.000 mots prononcés par jour par les hommes " contre "20.000 mots pour les femmes ", ont été relayés un peu partout ces dernières années dans la bouche d'experts, de responsables politiques et dans les médias. En 2013 par exemple, Atlantico l'affirmait : "C'est prouvé : les femmes parlent (beaucoup) plus que les hommes ". Le site renvoyait sur un article britannique duDaily Mail , qui liait ces chiffres avec une nouvelle étude scientifique.
Une étude scientifique pour rendre crédible
L'étude en question, publiée par des chercheurs de l'université du Maryland dans The Journal of Neuroscience, montrait que les rats mâles disposaient de plus de protéines FoxP2 que les femelles. Ce qui expliquerait que les premiers ont une communication plus variée.
Les scientifiques ont ensuite fait des prélèvements sur des enfants de quatre ans et ont remarqué que les filles avaient plus de FoxP2 que les garçons. D'où leur hypothèse : cet avantage biologique expliquerait, au moins en partie, le fait que les femmes prononcent leurs premiers mots plus tôt que les hommes et qu'elles ont plus de vocabulaire.
Sauf que... à aucun moment dans cette étude les chercheurs n'affirment que les hommes parlent trois fois moins que les femmes.
Mais alors d'où viennent ces chiffres ?
La première fois qu'ils ont été largement relayés, c'était en 2006, après la sortie d'un livre à succès d'une psychiatre américaine. L'auteur de "The Female Brain" annonçait clairement les "20.000 mots" contre "7.000" sur le bandeau de couverture, sans les étayer dans la suite du texte.
Interrogée par le Guardian quelques mois plus tard, Loann Brizendine reconnaîssait que "le langage n'est pas sa spécialité ", qu'elle a "fait confiance à son entourage ", regrette d'avoir contribué à "propager un mythe ", et annonce que ces chiffres seront retirés d'éventuelles rééditions. Mais c'était apparemment trop tard, la légende urbaine s'est répandue...
Les femmes parlent-elles plus que les hommes ?
Des chercheurs texans ont effectivement tenté de vérifier ce cliché. Une équipe du département psychologie de l'Université d'Arizona ont placé des microphones pendant plusieurs années sur un groupe de 396 étudiants américains et mexicains. Ils ont enregistré trente secondes de conversation toutes les 12,5 minutes, soit 5% d'une journée, pour savoir s'il y avait un lien entre le genre et le nombre de mots prononcés.
Résultat : les femmes ont prononcé en moyenne 16.215 mots par jour, contre 15.669 pour les hommes. Il y a donc une différence de 546 mots entre les deux sexes. Mais d'après les chercheurs, ce n'est pas significatif sachant que "la différence entre une personne qui parle très peu et quelqu'un de très bavard est de 45.000 mots ".
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