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Les étrangers sont-ils surreprésentés en prison, comme l'affirment Marion Maréchal et Eric Ciotti ?

L'ancienne membre du RN et le député LR des Alpes-Maritimes affirment qu'il y a une surreprésentation des étrangers en prison par rapport à leur proportion dans la population française. Les chiffres leur donnent raison, mais il y a plusieurs explications à cela.

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La prison des Baumettes, à Marseille, en novembre 2017. (BORIS HORVAT / AFP)

"Il y a une surreprésentation de l'immigration dans la délinquance", a déclaré l'ancienne députée FN Marion Maréchal mardi 15 septembre sur BFMTV. "Dans les prisons, vous avez par exemple 22% des prisonniers qui sont de nationalité étrangère, quand ils sont censés ne représenter que 6% dans la population", a-t-elle ensuite argumenté. Le député LR des Alpes Maritimes, Eric Ciotti, invité de CNews le même jour, a dressé le même constat en déclarant qu'"aujourd'hui il y a dans les prisons 23% d'étrangers" soit "le double de la statistique dans la population du nombre d'étrangers". Si leurs chiffrent divergent légèrement, tous deux disent vrai sur le nombre d'étrangers dans les prisons françaises.

23,5% d'étrangers dans les prisons

Les données du ministère de la Justice indiquent qu'au mois d'avril 2020, il y avait 65 000 détenus dans les prisons françaises, dont 23,5% d'étrangers (hommes ou femmes n'ayant pas la nationalité française), alors qu'on ne compte que 7% d'étangers dans la population française. Ces chiffres confirment donc une surreprésentation des étrangers en milieu carcéral. Toutefois, si l'objectif de Marion Marechal et Eric Ciotti est d'établir une corrélation entre immigration et délinquance, des études sociologiques ne confirment pas ce raisonnement.

À délit égal, les étrangers plus sévèrement jugés

D'après les travaux d'une sociologue, citée par l'Observatoire international des prisons (OIP), pour un même délit commis par un étranger ou par un prévenu de nationalité française, un étranger a trois fois plus de risques d'être jugé en comparution immédiate, cinq fois plus de risques d'être placé en détention provisoire et huit fois plus de risques d'être condamné à de la prison ferme. Selon Virginie Gautron, chercheuse et maître de conférences en droit pénal et sciences criminelles à l’Université de Nantes, citée par l'OIP, cela ne signifie pas forcément qu'il existe une "discrimination volontaire" des magistrats. Selon elle, la justice chercherait surtout à éviter que des prévenus étrangers échappent à la justice, par exemple en fuyant vers un autre pays.

Eric Ciotti et Marion Maréchal ont donc raison de dire qu'il existe une surreprésentation des étrangers en prison, mais impossible avec ce seul chiffre de faire un lien entre immigration et insécurité.

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