Le vrai du faux. Réforme des retraites : retour sur trois arguments très utilisés par les opposants et les partisans du projet
Parmi les arguments des partisans de la réforme : tous les pays d'Europe recule l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans au moins. Vrai ou faux ?
Le "jour J". Alors que le gouvernement présente ce mardi 10 janvier son projet de réforme des retraites, avec, notamment, le report de l'âge légal de départ à 64 ans, au lieu de 62 ans actuellement, progressivement à partir de l'automne 2023, annonçant une vive opposition dans la rue et au Parlement, franceinfo revient sur trois des arguments les plus utilisés par les opposants et les partisans du texte.
Un quart des Français les plus pauvres meurent-ils avant 62 ans ?
Premier argument, beaucoup repris par les opposants à la réforme, notamment du côté de La France Insoumise : un quart des Français les plus pauvres meurent avant 62 ans. Ce chiffre est plutôt vrai, on le trouve dans une étude de l'Insee publiée en 2018.
Chez les 5% d'hommes les plus pauvres, avec un niveau de vie de 466 euros par mois, seuls 75% est toujours en vie à 62 ans et donc un quart est effectivement déjà mort. En revanche, chez les 5% de femmes les plus pauvres, l'espérance de vie est nettement meilleure puisqu'à 62 ans, "seulement" 13% d'entre elles sont déjà décédées.
64 ans partout ailleurs ?
Deuxième argument : dans tous les autres pays d'Europe, l'âge légal de départ à la retraite est de 64 ans au moins. Là aussi, c'est plutôt vrai, c'est ce qu'on peut lire dans le dernier rapport du CLEISS, le Centre des Liaisons Européennes et Internationales de la Sécurité Sociale.
Sur 32 pays d'Europe, 27 ont un âge légal de départ à la retraite à 64 ans ou plus. C'est même 67 ans au Danemark, en Islande ou en Italie. Mais attention : les systèmes peuvent très différents d'un pays à l'autre. Par exemple, dans une dizaine de ces nations, les femmes partent plus tôt à la retraite que les hommes. Ainsi, en Autriche, c'est 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes.
Quatre cotisants pour un retraité dans les années 1980 ?
Troisième argument : le nombre de cotisants est en baisse par rapport au nombre de retraités. Le député Les Républicains Alexandre Vincendet, partisan de la réforme, affirme notamment que "quand dans les années 80, vous aviez 4 cotisants pour un retraité, aujourd'hui vous êtes à 1,7." Ce chiffre d'1,7 cotisants est juste, on le trouve dans le dernier rapport du Conseil d'Orientation pour les Retraites.
Le COR, en revanche, n'a pas les archives nécessaires pour évaluer la situation dans les années 80. On peut éventuellement s'appuyer sur les chiffres de la CNAV, la Caisse nationale d'assurance vieillesse, mais attention, elle ne prend pas en compte l'ensemble des professions. Selon elle, c'est dans les années 60 qu'il y avait 4 cotisants pour 1 retraité. Dans les années 1980, on se situait plutôt à un peu plus de deux cotisants pour un retraité.
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