Le vrai du faux. Non, le système d'indemnisation du chômage en France n'est pas "le plus généreux" d'Europe
Aurélien Accart passe au crible un fait repéré dans les médias et sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les éléments de langage du gouvernement pour justifier la réforme de l'assurance-chômage.
Le gouvernement a présenté mardi 18 juin sa réforme de l'assurance chômage, qui prévoit des conditions d'indemnisation plus dures, d'un côté, et promet un meilleur encadrement des chômeurs, de l'autre. Pour faire passer la pilule, les membres de la majorité ont multiplié les éléments de langage. Exemple avec la députée LREM des Yvelines, Yaël Braun-Pivet.
Quand on regarde ce que font les autres pays, on a un taux d'indemnisation qui est le plus élevé en Europe, en terme de revenus
Yaël Braun-Pivetsur Sud Radio
C'est faux, quand on regarde le taux de remplacement, c'est-à-dire la part du salaire qu'un chômeur conserve une fois au chômage. En France, ce taux de remplacement est de 62% du salaire, en moyenne, pour l'immense majorité des chômeurs. Et on voit très rapidement, grâce à un comparatif européen fait par l'Unedic, que d'autres pays européens sont beaucoup plus généreux.
Par exemple, au Danemark, le taux de remplacement se situe à hauteur de 90% du salaire. Il atteint 80 à 85% au Luxembourg, 75% en Italie ou encore 65% en Belgique. En Allemagne, les chiffres sont comparables avec la France. En revanche, pour aller dans le sens de Yaël Braun-Pivet, on peut noter qu'en France, comme en Allemagne d'ailleurs, les indemnités sont fixes. Et ce, pendant toute la durée de l'indemnisation. Dans d'autres pays, elles diminuent au fil du temps.
La France dans la moyenne haute, mais onze pays font mieux
En Espagne, on descend ainsi à 50% du salaire, au bout de sept mois. En Italie, l'indemnité diminue de 3% tous les mois, à partir du quatrième. Pour autant, on peut considérer que la France est tout de même dans la moyenne haute de l'Union européenne en terme d'indemnisation du chômage... Même si onze pays font mieux.
Peut-on dire alors, comme l'a fait Bruno Le Maire le ministre de l'Economie sur Europe 1, que le système français est "parmi les plus généreux en Europe"? Cette déclaration est déjà plus proche de la réalité, surtout si on prend en compte, dans le calcul, les indemnités chômage versées à ceux qui avaient les plus gros salaires. Le plafond est très haut en France, un cas unique dans toute l'Europe.
Mais attention, comparaison n'est pas raison. Les systèmes varient beaucoup d'un pays à l'autre. L'UNEDIC a publié en 2016 une enquête sur ce sujet, en essayant justement de tout prendre en compte, sur une durée de cinq ans. Il faut savoir, par exemple, qu'au Royaume-Uni, où le régime chômage est très dur, c'est l'État qui prend en charge le loyer des demandeurs d'emploi. Et ça change la donne !
Une fois tout cela pris en compte, la France se situe dans la médiane des pays européens : la moitié fait mieux, l'autre fait moins bien.
En revanche, Yaël Braun-Pivet a plutôt raison dans la deuxième partie de son affirmation, quand elle indique qu'en France, "on a une durée de cotisation, pour atteindre le chômage, qui est la plus faible en Europe". Il faut actuellement avoir travaillé quatre mois, sur les 28 derniers mois, pour obtenir des droits au chômage. Seule l'Italie fait mieux, avec seulement trois mois. En général, ça tourne plutôt autour de six mois. C'est d'ailleurs ce que propose le gouvernement dans sa réforme.
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