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Le vrai du faux. Est-ce que "la moitié des faits de délinquance à Paris est commise par des étrangers", comme l'affirme Emmanuel Macron ?

Le chef de l'Etat a été interrogé jeudi dernier sur France 2 pendant plus d'une heure. Nous avons vérifié ce qu'il avançait.

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Emmanuel Macron, le 26 octobre 2022.  (LUDOVIC MARIN / AFP)

Lors de son interview à France 2 mercredi 26 octobre, Emmanuel Macron a affirmé qu'il ne fera "jamais un lien existentiel entre immigration et insécurité", tout en rajoutant ceci : "Quand on regarde aujourd'hui la délinquance à Paris. On ne peut pas ne pas voir que la moitié, au moins, des faits de délinquance qu'on observe viennent de personnes qui sont des étrangers soit en situation irrégulière, soit en attente de titre, en tout cas dans des situations très fragiles." Cette déclaration a fait réagir de nombreux élus. La cellule Vrai du faux a cherché à savoir ce qu'il en était vraiment.

>> REPLAY. Retrouvez le second entretien d'Emmanuel Macron dans l'émission politique "L'Evénement", sur France 2

Des chiffres issus de la préfecture de police 

La proportion avancée par Emmanuel Macron est plutôt vraie, si on regarde les données de la préfecture de police de Paris, qui a fini par nous transmettre les chiffres durant le week-end, après plusieurs jours d'attente.

Selon la préfecture, la part des étrangers "dans la délinquance commise à Paris s'élève à 48% pour les premiers mois de l'année 2022, toutes infractions confondues. Pour certains types de délits, poursuit la préfecture, la part des mis en cause étrangers est supérieure à cette moyenne : ainsi, 70,4 % des vols avec violences et 75,6 % des vols simples sont commis par des étrangers à Paris."

Si ces chiffres semblent donner raison à Emmanuel Macron, ils sont toutefois à prendre avec beaucoup de précaution d'après plusieurs spécialistes de la délinquance que franceinfo a pu interroger. 

Des données partielles et brutes 

D'abord, il s'agit de données partielles sur quelques mois seulement, nous dit la préfecture, sans plus de précisions sur le nombre de mois. Une durée jugée trop courte par les spécialistes pour en tirer de véritables enseignements. Autre nuance à apporter : les chiffres de la préfecture sont des chiffres bruts issus des services de police avec plusieurs biais possibles. Par exemple, un étranger mis en cause plusieurs fois sera comptabilisé plusieurs fois, alors qu'il s'agit de la même personne. 

En clair, ce chiffre de 48%, seul, sans autre indicateur, est difficile à mettre en perspective parce qu'il mesure une partie des faits de délinquance constatées, sans évaluer le nombre de délinquants. 

Si on prend les condamnations en justice en 2021, un indicateur jugé plus fiable, on note que sur les quelques 460 000 personnes qui ont été condamnées en France, 16% étaient des étrangers. Un taux est stable depuis plusieurs années.

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