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Le vrai du faux. La France importe-t-elle toujours du pétrole russe, comme le reconnaît Agnès Pannier-Runacher ?

La ministre de la Transition énergétique a reconnu que, d'ici à la mise en place de l'embargo européen, la France continue à s'approvisionner en Russie pour son pétrole.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher lors d'une séance de Questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale le 18 octobre 2022. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

En France, il y a encore du pétrole russe à la pompe à essence actuellement. C'est ce qu'a reconnu Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition Energétique sur franceinfo mercredi 19 octobre. "Il n'y a pas d'embargo sur le pétrole russe jusqu'au 31 décembre pour les produits non raffinés, et deux mois plus tard pour les produits raffinés", a-t-elle affirmé avant d'ajouter que la France était déjà avant la guerre en Ukraine "un des pays les moins dépendants du pétrole russe", avec "à peu près 20% d'approvisionnement là où le reste de l'Europe était au-delà de 40%." La ministre a aussi déclaré que le groupe français "Total s'est désengagé du pétrole russe depuis déjà le mois de mars dernier."

Effectivement, l'embargo européen n'a pas encore commencé, mais la ministre fait une petite imprécision : ce sera à partir du 5 décembre 2022 pour le pétrole brut, et pas du 31. Et pour le pétrole raffiné, il commencera le 5 février 2023. Par ailleurs, même quand l'embargo prendra effet, l'Union Européenne ne renoncera pas à l'intégralité de son pétrole russe. Il n'y aura certes plus d'importation par bateaux mais les importations par oléoducs, elles, ne s'arrêteront pas.

La France peu dépendante au pétrole russe

La Hongrie, très dépendante du pétrole russe, mettait en fait son veto à l'accord si les oléoducs étaient inclus. Et cela se comprend : les deux tiers de son pétrole viennent de l'oléoduc russe Droujba. Mais de leur côté, l'Allemagne et la Pologne ont fait un geste en décidant de renoncer à utiliser ce même oléoduc.

Si on additionne la décision de ces deux pays et la fin des importations par bateau, cela fait que l'Europe renonce à 90% de son pétrole russe, comme l'avait à l'époque annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. 

Sur la faible dépendance de la France à ce pétrole, les chiffres sont encore plus faibles que ceux avancés par la ministre. L'an dernier, seulement 9% du pétrole brut importé par la France venait de Russie, tandis qu'Agnès Pannier-Runacher parle de 20%. Mais cela reste bien moins que la moyenne européenne, qui n'était pas de 40% comme le dit la ministre, mais de 26% de pétrole brut.

Enfin, sur le désengagement de Total du pétrole russe depuis le printemps dernier, la ministre va un peu vite en besogne. Certes, Total a bien pour objectif de se désengager du pétrole russe. D'ailleurs, depuis fin février, le groupe ne signe plus de nouveau contrat dans ce pays, et il ne renouvelle plus non plus ses anciens contrats. Mais il n'est pas encore totalement désengagé de Russie, il projette de l'être au plus tard à la fin de cette année.

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