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La dette française a-t-elle baissé "sans austérité" en 2006/2007, comme l'affirme Thierry Breton sur franceinfo ?

L'actuel Commisaire européen, à l'époque ministre des Finances, a vanté son bilan à Bercy, lundi. Mais il a aussi oublié de préciser que la baisse de la dette était liée en partie à la vente des autoroutes. Décryptage avec le "vrai du faux".

Article rédigé par franceinfo, Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 84 min
Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, était lundi 27 juin l'invité du 8h30 franceinfo.   (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Avec la crise sanitaire, la dette française s'est encore creusée. Et cette dette maintenant, il faut la réduire estime le Commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton. En plus, d'après lui, ce n'est pas forcement si compliqué : "On a réussi à le faire, vous savez quand j'étais ministre des Finances, pardon de le dire, mais j'ai baissé la dette. On peut le faire. Ca a pas été hyper douloureux et on n'a pas eu d'austérité", a-t-il déclaré sur franceinfo lundi 27 juin. 

Une baisse notable de la dette 

L'ancien ministre dit-il vrai ? Oui, la dette a bien baissé sans austérité en 2006 et 2007. Mais si Thierry Breton a raison , il ne dit pas tout. 

D'abord, on va remonter le temps, à l'époque où il était donc ministre de l'Economie. Alors qu'il est en poste, l'endettement de la France connaît effectivement une baisse notable. La dette qui représentait 66% du PIB descend à 64% cette année-là, soit deux points en moins. Ça parait peut-être peu mais c'est la baisse la plus importante enregistrée au cours des trente dernières années, d'après ce que disait à l'époque l'agence France Trésor, chargé de gérer la dette de l'État. 

Sauf qu'il manque un peu de contexte. Parce que ce que ne dit pas Thierry Breton, c'est que si la dette a diminué cette année-là, c'est en partie grâce à la privatisation des autoroutes. Leurs ventes ont rapporté un peu plus de 16 milliards d'euros et une grande partie de cet argent, environ 11 milliards, a servi à éponger une partie de la dette de la France. Cette privatisation, qui a donc rempli les caisses de l'État, est aujourd'hui controversée car les autoroutes auraient pu être vendues encore plus chères, jusqu'à 6 milliards de plus selon un rapport de l'Assemblée nationale publié cette année. Sans compter l'argent qu'elles auraient rapporté tous les ans à l'Etat s'il était resté propriétaire puisque les dividendes rapportent environ 3 milliards par an, selon l'Autorité de régulation des transports. 

En clair : Thierry Breton a raison de dire que la dette de la France a bien baissé lorsqu'il était ministre, sauf que ce n'est pas uniquement grâce à une réforme structurelle mais aussi à la vente d'une partie du patrimoine de l'Etat. 

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