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Jean-Luc Mélenchon : "Les immigrés cotisent plus qu'ils n'ont de prestations"

Pour le député européen du Parti de gauche, "le solde cotisations/dépenses sociales venant des immigrés dans nos pays est positif. Cela veut dire que si les immigrés rentraient chez eux, notre système social s'effondrerait". Vrai ou faux ?
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Jean-Luc Mélenchon dit-il vrai sur le solde cotisations/prestations des immigrés en France ? © Maxppp)

Une étude de l'université de Lille va dans le sens de ce qu'affirme Jean-Luc Mélenchon. Mais elle date de 2005 et ne concerne que la France. Elle est donc très ponctuelle et ne concerne pas l'ensemble de "nos pays". Par contre, l'OCDE publie chaque année un rapport, dont le dernier Perspectives des migrations internationales 2013 consacre un large chapitre à "l'impact fiscal de l'immigration dans les pays de l'OCDE". 27 pays, dont la France, ont ainsi été étudiés sur trois ans.

Que dit ce rapport ?

L'inverse de Jean-Luc Mélenchon. Un ménage immigré a cotisé 9.961 euros contre 11.412 euros de prestations versées (moyenne annuelle de 2007 à 2009). Le solde est donc négatif : -1.451 euros. La France n'est pas la seule dans ce cas au sein des pays de l'OCDE, mais c'est tout de même l'un des rares avec la République tchèque, l'Irlande, la Slovaquie, la Pologne et l'Allemagne. La différence entre cotisations et prestations pour les immigrés vivant en Allemagne est de -5.633 euros.

Dans le détail, les ménages immigrés installés en France cotisent beaucoup moins que les ménages nés dans le pays (9.961 contre 13.359 euros) mais touchent seulement 500 euros de plus de prestations sociales (11.412 contre 10.952 euros). Par ailleurs, ce sont les allocations chômage, les rertaites et les allocations familiales qui pèsent le plus sur le montant global des prestations versées.

Comment expliquer ce phénomène ?  

Pour Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations à l'OCDE, ce solde négatif s'explique surtout par l'échec des politiques d'intégration.

"Les immigrés ont des taux d'emplois défavorables. A niveau de qualification équivalent, ils ont des salaires qui sont plus faibles.  Ils sont souvent plus déclassés que les natifs. C'est vrai en France et dans la plupart des autres pays. Et puis la structure par âge de la population immigrée est plus âgée, donc il y a plus de gens qui touchent des pensions que de cotisants, compte-tenu de la faiblesse de l'immigration du travail ces dernières années en France ".

D'après l'étude de l'université lilloise (basée sur l'enquête budget des familles 2006 de l'Insee), les immigrés issus du Maghreb et du reste de l'Afrique sont respectivement "1,6 et 1,7 fois plus nombreux à recevoir des allocations chômage, 3,8 et 3,9 fois plus représentés parmi les bénéficiaires du RMI et en moyenne 2,5 fois plus dépendants des aides au logement ". Selon l'OCDE, si la population immigrée installée en France avait le même taux d'emploi et les mêmes salaires que les natifs français, le gain de croissance serait de 0,5% du PIB. 

Sources 

Perspectives des migrations internationales 2013

Migration et protection sociale : étude sur les liens et les impacts de court et de long terme

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