Jean-François Copé dit-il vrai sur l'impôt à 75% ?
Vrai
Dans les pays de l'OCDE, il n'y a pas de taux d'imposition marginal supérieur à 75%.
Le plus élevé se trouve en Suède (56,5%). La Grande-Bretagne se situe à 50%, même si le Premier ministre David Cameron va faire baisser le taux à 45% l'an-prochain. Beaucoup de pays se situent d'ailleurs entre 45 et 50% de taux marginal supérieur. L'Allemagne et le Japon sont à 47%. La Belgique, l'Espagne, le Portugal et Israël se situent à 45%, d'après les chiffres de l'OCDE pour 2011.
En France, le taux marginal supérieur est aujourd'hui de 41%, mais il va passer très vite à 45 % selon la volonté gouvernementale. Et pour les très riches (plus d'un million d'euros de revenus par an) il y a aura donc le fameux 75%.
La "super taxe" a existé
S'il est vrai que ce "super taux" est aujourd'hui une spécificité française, cela n'a pas toujours été le cas.
Pendant la grande dépression des années 30, le président américain Roosevelt fait grimper le taux d'imposition des très riches, ceux qui gagnaient l'équivalent de plus d'un million de dollars d'aujourd'hui (770.000 euros). Le taux va alors passer de 25% à 63% dans un premier temps, et même 91% en 1941. Roosevelt ne sera pas le seul à le faire, comme le rappelle Gabriel Zucman, chercheur à l'Ecole d'économie de Paris : "Pendant la plus grande partie du 20e siècle, la plupart des grands pays avaient des taux de 75% ou plus [...] En France, pendant la plus grande partie du 20e siècle, jusqu'au milieu des années 80, on a eu des taux de 50, 60 et presque 70%" . (65% exactement sous le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy en 1981, NDLR).
Fin de la "super taxe"
C'est la révolution libérale du début des années 80 qui va inverser la tendance et faire fondre les impôts des très riches. Ronald Reagan et George Bush père vont faire passer le taux marginal supérieur vers 30 à 35% aux Etats-Unis.
A l'époque, le boom économique de l'après-guerre (les 30 glorieuses) était terminé. Les libéraux pensaient alors que l'activité pourrait être boostée en baissant les impôts des très riches. Reste que la croissance en occident n'a pas retrouvé les niveaux des années 50, 60 ou du début des années 70.
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