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IVG : est-il vrai qu'"aucun courant politique ne remet en cause la loi Veil", comme l'affirme François Bayrou ?

Les présidentes des groupes LFI et LREM à l'Assemblée, Mathilde Panot et Aurore Bergé, ont annoncé vouloir déposer une proposition de loi constitutionnelle pour inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution française. Le patron du Modem, François Bayrou n'y est pas favorable assurant notamment qu'à ce jour "aucun courant politique ne remet en cause la loi Veil". Qu'en est-il vraiment ?

Article rédigé par franceinfo, Joanna Yakin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 84 min
Une pancarte défendans le droit des femmes à l'avortement, à Paris, en 2018. Photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Alors que la Cour suprême américaine a décidé de révoquer le droit à l'IVG outre-Atlantique, les cheffes de file des groupes LFI et LREM à l'assemblée, Mathilde Panot et Aurore Bergé ont annoncé leur intention de déposer une proposition de loi constitutionnelle pour qu'en France ce droit à l'avortement soit gravé dans le marbre.

Interrogé dimanche 26 juin sur BFMTV, le patron du Modem, François Bayrou a expliqué ne pas y être favorable. "Est-ce qu'il est bon, est-ce qu'il est utile de faire ça, alors même que, à ma connaissance, aucun courant politique ne remet en cause la loi Veil", a-t-il argumenté.

Si l'on s'en tient aux programmes officiels de la présidentielle, il est exact de dire qu'aucun parti n'a proposé de revenir sur le droit à l'avortement encadré par la loi Veil. Si, en 2002, Jean-Marie Le Pen inscrivait bien dans le programme du Front nationale sa volonté d'abroger les lois sur l'IVG, Marine Le Pen, vingt ans plus tard, ne le propose pas. Ce qui n'empêche pas des positions ambiguës. En 2012, Marine Le Pen prônait le remboursement de l'avortement pour éviter ce qu'elle appelait les "avortements de confort". Elle soutient aujourd'hui qu'elle ne souhaite pas de recul sur la loi Veil. Son bras droit, Jordan Bardella parle même d'un "acquis à protéger". En 2021, le RN s'est tout de même fortement battu contre l'allongement du délai de recours à l'IVG. Les élus du Rassemblement national n'étaient toutefois pas les seuls opposés à cette évolution. Le texte qui prévoyait de prolonger le délai légal d'accès à l'avortement de 12 à 14 semaines a connu un long bras de fer parlementaire et a mis près d'un an et demi à être définitivement adopté.

Certains cadres du RN proches de mouvements anti-IVG

La cheffe de file des députés LREM, Aurore Bergé, a par ailleurs jugé qu'il ne fallait "prendre aucun risque" et sécuriser le droit à l'avortement, accusant certains nouveaux députés RN d'être "des opposants farouches à l'accès des femmes à l'IVG" .

De fait, on trouve dans la toute nouvelle assemblée des députés RN qui ont affiché leur hostilité à l'avortement, comme par exemple, le député RN de la Haute-Marne, Christophe Bentz. En 2011, au cours d'une "Marche pour la vie", il comparait alors l'avortement à un "génocide de masse". Le député partageait encore en 2021 des affiches de cette manifestation annuelle contre l'avortement. Ce mouvement anti-IVG a par ailleurs déjà réagi sur Twitter en assurant qu'il s'opposerait "de toutes ses forces" à l'inscription de l'IVG dans la Constitution.

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