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Hervé Morin dit-il vrai sur la démission de François Hollande ?

Le député UDI affirme que "François Hollande a préconisé en son temps que, lorsqu'il y a une rupture absolue entre le président de la République et le peuple, on peut imaginer que le président démissionne." Vrai ou faux ? Réponse ici.
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Hervé Morin le 18 mai 2014©MAXPPP)

Vrai

Cela se trouve dans le livre "Devoir de vérité" que François Hollande a écrit avec le journaliste Edwy Plenel en 2006.

On peut y lire ceci :

  "Je préconise un exercice de vérification démocratique au milieu de la législature. […] Si d'aventure, à l'occasion de cette vérification, une crise profonde se produisait, ou des élections législatives intervenaient, contredisant l'élection présidentielle, nous en tirerions toutes les conséquences en quittant la présidence." 

Décryptage

François Hollande préconise un "exercice de vérification démocratique". On peut penser à un référendum à son initiative, en milieu de législature. Ce serait alors dans environ six mois. Il parle aussi de "crise profonde". Or actuellement, la France n'est pas au mieux. Le politologue Pascal Perrineau, directeur du Cevipof se demande : "Qu'est ce que c'est qu'une crise profonde ? On est plus dans le registre de l'appréciation que dans le registre d'une définition précise de la crise profonde ", fait-il remarquer.

 

Avant d’ajouter que "sur le 2eme terrain, celui des législatives qui enverraient un signal négatif à la majorité présidentielle, là, on est dans quelque chose de plus classique. Ce serait par exemple des législatives après une dissolution de l'Assemblée nationale. Les Français choisiraient une majorité qui n'est pas une majorité de gauche et à ce moment là, le président quitterait la présidence de la République ".     

Interprétation possible

La déclaration de François Hollande prend un relief particulier alors que le président a touché le fond dans les sondages et que le PS vient de subir deux terribles défaites électorales, aux municipales et aux européennes. On pourrait se dire que ces évènements "contredisent l'élection présidentielle", pour reprendre les termes de François Hollande dans son livre.

Chirac et Mitterrand  

On a déjà connu des situations approchantes par le passé. François Mitterrand et Jacques Chirac ont subi des défaites aux élections législatives en cours de mandat. Leur parti a perdu la majorité, mais ils sont restés au pouvoir en se pliant à la cohabitation. Car ils ont considéré qu'ils tiraient leur légitimité avant tout de leur élection au suffrage universel, et qu’ils pouvaient s’en prévaloir jusqu'à la fin de leur mandat.

De Gaulle  

Enfin, il y a le cas De Gaulle. En mai 1968, il ne démissionne face à la crise qui secoue la France. L'année suivant, il organise un référendum pour réformer le Sénat. C'est aussi un test de popularité. Les Français votent "non" et De Gaulle démissionne. Rien ne l'obligeait à le faire sur le plan des institutions, mais c'était sa conception de la Vème République.

 

Aujourd’hui, rien n'oblige François Hollande à organiser cette "vérification démocratique en milieu législature" dans les institutions françaises. Ce qu'il a écrit en 2006, il peut très bien décider de ne plus s'en souvenir, de se dire que 2006, c'était avant…

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