Délinquance : y a-t-il moins de caméras dans "les quartiers nord de Marseille qu'à Tourcoing", comme le dit Gérald Darmanin ?
Le ministre de l'Intérieur, invité de franceinfo, a plaidé pour davantage de caméras pour lutter contre les violences liées au trafic de drogue dans les quartiers sensibles de Marseille.
Alors que Marseille connaît depuis deux mois une hausse des règlements de comptes sur fond de trafic de drogue, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a suggéré mardi 24 août sur franceinfo qu'il faudrait plus de caméras de vidéoprotection dans la ville. Selon lui, Marseille est particulièrement sous-dotée : "Marseille est une des villes où il y a le moins de caméras de vidéoprotection. Dans les quartiers nord, où je vais tous les deux mois depuis que je suis ministre de l'Intérieur, il n'y a quasiment pas de caméra, a déclaré sur franceinfo Gérald Darmanin. Il y en a plus à Tourcoing qu'à Marseille dans ces quartiers nord alors qu'il y a 300 000 habitants qui y vivent." Une affirmation plutôt fausse, la cellule Vrai du Faux vous explique.
1 500 caméras à Marseille
Marseille compte 1 500 caméras dans les rues de sa ville, c'est un peu plus que Paris par exemple. C'est surtout beaucoup plus qu'à Tourcoing. Le site de la ville du Nord indique "175 caméras en 2018 dont 6 nomades". Selon le cabinet du maire, joint hier par franceinfo, il y a désormais "295 caméras installées et 15 nouvelles en cours d'installation".
Si on regarde plus spécifiquement les quartiers nord de Marseille, le ministre de l'Intérieur a encore plutôt faux. D'après l'adjoint à la sécurité de la mairie de Marseille que nous avons pu joindre, les quartiers nord de la ville disposent d'environ 450 caméras. Un chiffre, là encore, plus élevé qu'à Tourcoing.
En revanche, si on rapporte ces chiffres à la population, comme le laisse entendre Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur a plutôt raison. Tourcoing, ville de moins de 100 000 personnes, dispose effectivement de davantage de caméras par habitant que les quartiers nord de Marseille.
Les caméras relèvent de la compétence des maires
Comment expliquer cette différence ? Notamment parce que l'installation d'une caméra dans la rue est un choix politique. C'est une décision et une compétence qui relève du maire. Selon son étiquette ou ses convictions, il y aura plus ou moins de vidéosurveillance. C'est pour cela que certaines villes sont plus équipées que d'autres.
Autre explication : la mairie de Marseille concède qu'il est difficile d'installer des caméras dans certaines cités des quartiers nord. "Leur durée de vie est d'à peine 48h", selon l'adjoint à la sécurité. Malgré ces dégradations volontaires, la municipalité réfléchit quand même à rajouter des caméras mais plaide surtout pour plus de moyens humains pour lutter contre les trafics.
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