Régimes, troubles alimentaires, végétarisme... Le vrai ou faux junior répond aux questions sur l'alimentation

Le petit-déjeuner est-il vraiment le repas le plus important de la journée ? Peut-on remplacer les protéines animales par des protéines végétales ? Comment soigner l'anorexie ? La médecin nutritionniste Corinne Chicheportiche-Ayache répond aux questions de collégiens.
Article rédigé par franceinfo
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Selon la médecin nutritionniste Corinne Chicheportiche-Ayache, prendre un petit-déjeuner réduit le risque de "compulsion alimentaire" durant le reste de la journée. (VLADIMIR VLADIMIROV / E+)

Alors que les recettes minceur et défis à base de privation inondent les réseaux sociaux, le vrai ou faux junior se penche cette semaine sur l'alimentation. La médecin nutritionniste Corinne Chicheportiche-Ayache répond aux élèves des collèges Emile Combes, en Gironde, et Jean-Perrin, dans les Hauts-de-Seine.

Oui le petit-déjeuner est important... Mais il ne faut pas se forcer à manger

"Est-il vrai que le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée ?", demande Louis.

"Le petit-déjeuner, s'il n'est pas le repas le plus important, est un des repas les plus importants de la journée, explique Dr Chicheportiche-Ayache. Pourquoi ? Parce qu'il va nous apporter toute l'énergie nécessaire pour notamment pouvoir se concentrer à l'école, pour pouvoir mémoriser, pour pouvoir faire du sport aussi dans la cour de récréation. Et surtout pour arriver aux autres repas sans être trop affamés et sans prendre le risque de grignoter ou de manger, par exemple, quand on arrive à la cantine, trop de pain, au détriment notamment des bons aliments, des autres nutriments". 

Ceci dit, si l'on n'a pas faim avant d'aller au collège, il ne faut surtout pas se forcer, précise la nutritionniste. Elle suggère d'emporter une compote et un morceau de pain, par exemple, en cas de fringale sur le chemin ou à la récréation.

Non, le taux d'obésité n'est pas lié directement au fait de manger le matin

"Est-il vrai que ne pas prendre de petit-déjeuner augmente le taux d'obésité ?", interroge Sakian. Il n'y a pas de lien direct entre le développement de l'obésité et le fait de ne pas manger le matin. En sautant le petit-déjeuner, détaille Corinne Chicheportiche-Ayache, on augmente le risque de compulsion alimentaire. On peut être tenté de se jeter sur la nourriture à midi et de manger plus que nécessaire. Mais, attention, cela ne veut pas dire qu'on va devenir obèse.

L'obésité est une maladie, qui se manifeste par une accumulation anormale de graisse dans le corps, et dont les causes sont multiples et complexes. Il y a la prédisposition familiale et génétique, c’est-à-dire que si on a des parents obèses on a plus de risque de devenir soi-même obèse. Il y a aussi la sédentarité, le fait de ne pas bouger suffisamment, ou encore la consommation de produits très sucrés et très gras. 

Oui, le sport peut donner moins envie de manger

"Est-ce que le sport peut aider à se couper l'appétit et à maigrir ?", se demande Marie. "Le sport va contribuer, par la libération de certaines substances dans le cerveau, qu'on appelle les endorphines, entre autres, à plutôt avoir un certain bien être, explique la Dr Chicheportiche-Ayache. Et ce bien-être, ce n'est pas que ça va nous couper la faim, c'est que ça va nous donner moins l'envie de manger. Cela peut parfois augmenter la faim. Mais la faim est un signal physiologique normal qu'il faut respecter et auquel il faut répondre."

Oui, l'anorexie peut-être, en partie, liée à la pression des proches

"J'ai lu qu'une grande partie des adolescents deviennent aujourd'hui anorexiques à cause d'une pression exercée par leurs proches. Est ce vrai ?", interroge Louise.

L'anorexie, qui est une maladie mentale, peut-être liée à "la pression des proches", confirme la nutritionniste. Mais c'est loin d'être la seule explication. "Il y a une pression qu'on appelle une pression sociale globale sur l'image corporelle, c’est-à-dire la relation qu'on peut avoir avec son corps. Avec un idéal de minceur qui s'est beaucoup construit ces dernières décennies et qui s'est accéléré ces derniers temps et qui est majoré, augmenté par des outils que vous, les enfants, vous utilisez beaucoup. Pas que les enfants d'ailleurs, beaucoup les adultes, mais vous, beaucoup puisque vous avez grandi avec. Ce sont notamment les réseaux sociaux qui vont sans arrêt amplifier cette relation à l'image corporelle." 

Ces défis minceur ou des régimes soi-disant miracle, partagés sur TikTok ou Instagram, qui vont pousser des filles et des garçons à s'affamer pour correspondre à cet idéal de minceur.

Un accompagnement pluridisciplinaire pour soigner l'anorexie

"Comment soigner l'anorexie ?", se demande Héloïse. C'est une vaste question à laquelle on ne peut pas répondre en une seule émission. Corinne Chicheportiche-Ayache, qui reçoit des adolescents qui souffrent d'anorexie, détaille l'accompagnement médical qui est souvent proposé : "La prise en charge se fait avec un binôme, avec deux médecins en général, avec deux types de structures médicales. Une structure médicale psychologique puisque le point de départ est souvent mental. C'est souvent la perception qu'on a de son corps ou l'idéal qu'on veut de son corps. On travaille avec un psychologue ou un psychothérapeute en général, voire un psychiatre. Et puis on travaille aussi, avec ce qu'on appelle un médecin somaticien. C'est le médecin qui va s'occuper du corps. Parce qu'une des caractéristiques des troubles du comportement alimentaire, c'est qu'ils peuvent avoir des conséquences sur la santé du corps, c'est-à-dire notamment sur le développement, sur la capacité à pouvoir bien grandir, sur le risque de carence. Et on travaille aussi bien entendu, sur l'alimentation". 

Ce travail collectif est aussi souvent mis en place pour soigner d'autres troubles alimentaires comme la boulimie.

Oui, les protéines végétales peuvent remplacer les protéines animales

"Est-il vrai que les protéines végétales peuvent remplacer les protéines animales dans un régime végétarien ?" Selon la nutritionniste Corinne Chicheportiche-Ayache, pour avoir un apport en protéines suffisant lorsqu'on ne mange ni viande, ni poisson, il faut "associer légumes secs et céréales". Mais, selon elle, le plus important, c'est l'apport en fer : "La carence en fer peut entraîner des grosses difficultés sur le développement et la croissance de l'enfant. Le fer d'origine végétale, il y en a. Vous allez me dire les lentilles, vous avez raison. On va le retrouver dans le tofu. C'est vrai aussi, par exemple. Mais ce fer d'origine végétale, sa caractéristique, c'est qu'il est cinq fois moins bien absorbé par notre tube digestif que le fer d'origine animale. Donc, dans un régime végétarien, on aura des sources de fer, mais on sera très très attentifs à ce que les apports soient suffisants. Notamment grâce à des prises de sang, pour s'assurer qu'il n'y ait pas de risque de conséquences sur la croissance de l'enfant". 

Dans certains cas, le médecin prescrit des poudres ou des comprimés à base de fer, pour assurer les apports nécessaires. À l'inverse, il faut faire attention à l'excès de protéines animales. Plusieurs études montrent que cela favorise l'obésité, le diabète ou l'hypertension. Corinne Chicheportiche-Ayache recommande de se limiter à une portion de viande maximum par jour.

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