Le vrai ou faux junior répond aux questions sur le changement climatique
Des températures dignes d'un mois de juillet au début du mois d'avril. Alors que le sud de la France va dépasser la barre des 30°C samedi 6 avril et dépasser les 25°C par endroits dans le nord du Pays, le vrai ou faux junior s'intéresse, ce vendredi, aux effets du changement climatique.
Robert Vautard, climatologue, chercheur au CNRS et coprésident du groupe 1 du Giec (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) répond aux questions des élèves des collèges Emile Combes en Gironde, André Derain dans les Yvelines et Jean Perrin dans les Hauts-de-Seine et de l'Eyrieux en Ardèche.
Non, le réchauffement climatique n'est pas un complot de la Nasa
Le changement climatique continue de faire l'objet de fausses informations sur internet et les réseaux sociaux. La question d'Elea en est l'illustration frappante : "J'ai entendu dire que le réchauffement climatique est un complot de la Nasa. Est-ce vrai ?" Non, l'agence spatiale des Etats-Unis, chargée notamment d'envoyer des sondes dans l'espace pour observer notre univers, n'a pas conspiré pour nous faire croire au réchauffement climatique. Il s'agit d'un phénomène bien réel et on en a la preuve, explique le climatologue Robert Vautard : "On peut citer très simplement la température du globe. Elle est mesurée sur plein de points sur la Terre et par plusieurs instituts, plusieurs personnes différentes. Et tout le monde trouve la même chose : que le climat s'est réchauffé d'environ un degré ou un peu plus depuis le début du 19e siècle".
Oui, le seuil de 1,5 degré a été dépassé en 2023
"Est-il vrai qu'en 2023, le seuil symbolique de 1,5 degré de l'accord de Paris a été dépassé pendant plusieurs jours ?", se demande Valentine. Le seuil de 1.5 degrés est la limite qui a été fixée en 2015 à Paris par la communauté internationale pour limiter les effets du changement climatique. Selon les scientifiques, il ne faut pas que la température moyenne globale dans le monde, augmente de plus de 1.5 degrés par rapport à la température qu'il faisait entre 1850 et 1900.
En effet, ce seuil a été dépassé pendant plusieurs jours l'année dernière, pendant plusieurs mois et même pendant quasiment toute l'année 2023. Mais selon le climatologue Robert Vautard, ça ne veut pas dire que le combat est perdu : "Une année, ce n'est pas le long terme. En général, on mesure le climat sur une dizaine, une vingtaine d'années. Le climat des dix dernières années, il est d'environ 1,2 degré, on n'est pas à 1,5 degré. Par contre, on pense en effet qu'on va dépasser ce seuil d'ici une dizaine d'années, sur une longue période. Cela ne veut pas dire que la partie est perdue non plus. Pourquoi ? Parce que si on le dépasse seulement un petit peu, par exemple, si on va à un 1,6 degré ou 1,7 degré, mais pas beaucoup plus, il est possible qu'on puisse récupérer ces dixièmes de degrés qui sont en trop".
Oui, le changement climatique est causé intégralement par l'activité humaine
"Est-ce vrai que le changement climatique est causé à 100% par l'activité humaine ?", s'interroge Sasha. "Merci de cette question, répond Robert Vautard. Elle est très importante parce que souvent on pense que ce n'est pas vrai. Oui, le réchauffement climatique qu'on voit depuis les années 1950, à peu près, est causé intégralement par les activités humaines. Il n'est pas causé par d'autres facteurs comme les variations d'intensité du soleil, comme les éruptions volcaniques. C'est vraiment les activités humaines, ce qu'on appelle les émissions de gaz à effet de serre, par les voitures, par les bateaux, par les avions, par les cheminées, qui causent ce réchauffement. Et ça, on le sait, par des milliers d'études qui ont été faites par tous les scientifiques du monde".
Parmi les activités qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre, on peut aussi citer le chauffage quand il est au fioul ou au gaz.
Non, sans pollution, il n'y aurait pas de changement climatique
"Sans pollution, y aurait-il changement climatique ?", se demande Adèle. La réponse est non, sans pollution, sans émission de gaz à effet de serre, il n'y aurait pas de changement climatique, explique Robert Vautard. Mais attention, il y a plusieurs types de pollution. Par exemple, si on parle des transports, les voitures émettent du CO2, le principal gaz à effet de serre. Mais elles rejettent aussi des poussières microscopiques appelées particules fines. Ces particules sont très nocives pour la santé, pour les poumons. Dans notre pays, selon Santé Publique France, 40 000 personnes meurent chaque année à cause de cette pollution de l'air.
Non, la fonte de l'Antarctique n'est pas seule responsable de la montée des océans
"Est-il vrai que le niveau des océans ne monte que par la fonte de l'Antarctique ?", s'interroge Maxime. "Non, ce n'est pas vrai, répond Robert Vautard. Le niveau de l'océan monte par plusieurs facteurs. Il y a l'Antarctique, il y aussi et surtout le Groenland, les glaciers partout dans le monde, qui fondent, qui font monter le niveau des océans. Mais aussi parce que l'océan est plus chaud et comme il est plus chaud, il se dilate et fait augmenter le niveau des mers".
"Est-ce que le niveau de la mer va énormément augmenter au point de faire disparaître certains pays à cause du réchauffement climatique ?", demande aussi Joseph.
Selon le climatologue Robert Vautard, le niveau des mers va augmenter en moyenne de 30 centimètres à 1 mètre d'ici 2100. Cette montée, dit le chercheur au CNRS, ne devrait pas faire disparaître des pays entiers. Mais certaines îles risquent d'être totalement submergées. Elles se trouvent principalement dans le Pacifique : comme les îles Marshall, les archipels de Tuvalu ou encore de Kiribati.
Oui, les coraux sont menacés par le changement climatique
"Est-il vrai que les coraux sont menacés par le changement climatique ?", questionne Clara. Les coraux font en effet partie des espèces vivantes les plus vulnérables au changement climatique. Les océans se réchauffent, deviennent plus acides et cela fait fuir les algues qui vivent dans les coraux et leur donnent leurs couleurs. Les récifs coralliens deviennent tout blancs. Et si l'eau ne se refroidit pas, ils s'éteignent définitivement.
Selon plusieurs études (comme celle de l'Unesco) la quasi-totalité des coraux sur Terre risquent de mourir d'ici 2050. Mais ce n'est pas inéluctable. Si on parvient à limiter le réchauffement, on peut sauver une partie de ces animaux marins. Les coraux ne sont pas seulement beaux, ils jouent un rôle essentiel pour la biodiversité. Ils sont à la fois un habitat et une source de nourriture pour des très nombreuses espèces marines. Ils sont également un rempart sur les côtes, nous protégeant notamment contre les vagues géantes et les tsunamis.
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