Climat : trois questions sur l'archipel de Tuvalu, menacé de disparition d'ici un siècle
Menacés de devoir quitter leurs îles à cause de la montée des eaux, les habitants de Tuvalu pourront trouver refuge en Australie. Canberra a annoncé offrir "l'asile climatique" à la population de cet archipel du Pacifique, confronté depuis des décennies à l'inexorable hausse du niveau des océans. Les Tuvaluans bénéficieront désormais de "droits spéciaux" pour s'installer et travailler sur l'île-continent, selon un traité rendu public par les deux pays vendredi 10 novembre. Le texte doit encore être ratifié par les deux parties pour entrer en vigueur.
1 Pourquoi ce petit pays du Pacifique est-il menacé ?
L'Etat de Tuvalu est le quatrième plus petit pays de la planète avec un archipel couvrant une superficie terrestre de 26 km2. Les neuf atolls qui le composent n'émergent que d'un ou deux mètres au-dessus de l'océan. Le point culminant du territoire est situé à seulement cinq mètres au-dessus du niveau de la mer.
Aujourd'hui, le petit ensemble d'îles est menacé par l'élévation du niveau de l'eau, conséquence du réchauffement climatique. Depuis quelques années, le pays rétrécit, grignoté par l'océan. Ce phénomène augmente la fréquence des inondations, l'érosion des côtes et la salinisation des sols, rendant plus difficile toute activité agricole et compliquant la vie des 11 000 Tuvaluans.
2Est-ce que Tuvalu va disparaître ?
L'eau monte vite. En 2023, deux des neuf récifs coralliens composant Tuvalu ont déjà été submergés par l'océan Pacifique. Plusieurs experts estiment que le pays pourrait disparaître d'ici à la fin du siècle. Selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), la hausse du niveau moyen des mers sera "probablement" comprise entre 28 cm et 1,01 m d'ici à 2100 par rapport à 1900.
Pour alerter la communauté internationale de la disparition imminente de son archipel, le ministre de la Justice, de la Communication et des Affaires étrangères de Tuvalu, Simon Kofe, ne s'était pas rendu à la conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP26, organisée en novembre 2021 à Glasgow. A la place, il avait prononcé une allocution enregistrée les pieds dans l'eau. "A Tuvalu, nous vivons la réalité du climat et de l'élévation du niveau de la mer (...). Nous ne pouvons pas attendre les discours alors que la mer monte autour de nous", expliquait-il.
Le Premier ministre de Tuvalu, Kausea Natano, a déclaré à la tribune de l'ONU, en septembre 2022, que son pays pourrait disparaître d'ici 30 à 50 ans. "Nos îles vont cesser d'exister. Il ne s’agit pas d’un scénario futur, c'est ce avec quoi nous vivons actuellement", a-t-il souligné.
3 Y a-t-il des solutions pour protéger l'archipel ?
Face à la montée des eaux, des moyens sont avancés pour tenter de sauver Tuvalu. Dans l'accord présenté vendredi, l'Australie s'est engagée à mobiliser 16 millions de dollars australiens (environ 9,5 millions d'euros) pour consolider les côtes et récupérer du terrain sur la mer – au moins 6% du territoire national – afin de créer des logements et "permettre aux gens de continuer à vivre à Tuvalu malgré l'élévation de la mer". Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a également souligné que les pays développés devaient prendre plus de responsabilités dans la lutte contre le réchauffement climatique.
L'évacuation de l'archipel serait la solution de dernier recours, soutient le Premier ministre tuvaluan dans le quotidien britannique The Guardian. Mais cette possibilité figure tout de même au cœur du traité qui offre l'asile climatique aux citoyens de Tuvalu. Ce dispositif doit permettre aux Tuvaluans de se réfugier en Australie pour "y vivre, y étudier et y travailler". Le nombre d'entrées sera limité dans un premier temps à 280 par an, pour éviter une "fuite des cerveaux" trop dommageable au petit pays.
Les Tuvaluans réfugiés en Australie auront notamment accès au système éducatif, de santé, à des aides financières et familiales, précise le traité. Cet accord "est le premier (...) qui s'attaque spécifiquement à la mobilité climatique", souligne Jane McAdam, professeure à l'université de Nouvelle-Galles-du-Sud, en Australie.
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