Le vrai ou faux junior répond aux questions des adolescents sur les inégalités femmes-hommes

Pourquoi les femmes sont-elles toujours moins bien payées que les hommes ? Pourquoi le sport féminin est-il moins diffusé que le sport masculin ? L'économiste Rachel Silvera et le journaliste sportif Guillaume Battin répondent aux questions des collégiens.
Article rédigé par franceinfo, Valentine Joubin
Radio France
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Temps de lecture : 6min
En 2022, dans le secteur privé, les femmes gagnent en moyenne 23.5 % de moins que les hommes. (DYLAN MEIFFRET / MAXPPP)

En ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, Le vrai ou faux junior s'intéresse aux inégalités de genre. Les élèves des collèges Jean Perrin dans les Hauts-de-Seine et André Derain dans les Yvelines ont envoyé beaucoup de questions à ce sujet, notamment à propos du marché du travail et du sport. Rachel Silvera, économiste spécialiste des inégalités au travail et Guillaume Battin, journaliste au service des sports de franceinfo, leur répondent.

Les femmes gagnent 23,5% de moins que les hommes

"Est-il vrai qu'en France les hommes sont rémunérés en moyenne 28 % de plus que les femmes?", nous demande Gabin. Plutôt que de mesurer combien les hommes gagnent en plus, l'Insee, l'Institut national d'études statistiques, a pris l'habitude de mesurer combien les femmes gagnent en moins. Pour obtenir chacun de ces pourcentages, le calcul n'est pas le même. En 2022, selon l'Insee, le revenu des femmes était inférieur de 23,5 % à celui des hommes. Dans l'autre sens, cela reviendrait à peu près à dire que les hommes gagnent en moyenne 32% de plus que les femmes. Pour le dire plus simplement, le salaire moyen d'une femme aujourd'hui, en France, dans le secteur privé, c'est environ 1 600 euros nets par mois contre 2 175 euros nets pour un homme.

Elles sont plus souvent à temps partiel

Maëlys dit avoir lu que les femmes "gagnent 4,3 fois moins que les hommes". Dans cette phrase, il manque le pourcentage. Pour le même poste dans la même entreprise, les femmes gagnent en moyenne 4,3 % de moins que les hommes (4,3 fois ce serait vraiment beaucoup). Maëlys nous demande aussi pourquoi ces écarts de salaires persistent entre les femmes et les hommes. L'économiste Rachel Silvera lui répond : "Il y a plein de facteurs qui jouent sur les inégalités. On peut retenir le temps de travail qui est différent entre hommes et femmes du fait du poids du temps partiel. On peut retenir la non-mixité des métiers, le fait qu'hommes et femmes n'ont toujours pas les mêmes métiers alors que les filles sont aujourd'hui plus diplômées que les hommes".

"Elles restent moins nombreuses à être ingénieures, à être cadres sup dans le top management. Et puis elle restent concentrées dans des métiers qui payent moins".

Rachel Silvera, économiste

à franceinfo

Ce que précise Rachel Silvera, c'est que les femmes sont aussi souvent victimes de discrimination au travail. Par exemple, un patron va donner moins de responsabilités à une salariée qu'à son collègue homme parce qu'il pense qu'elle risque de partir en congé maternité. Une différence de traitement qui peut se traduire par un écart de salaire.

Les femmes font plus le ménage et la cuisine

"Est-il vrai que les femmes font tellement de tâches ménagères qu'elles ont du mal à se concentrer sur leur travail ?", interroge Ethan. Selon une enquête de l'institut européen pour l'égalité des genres publiée l'année dernière, 68% des femmes françaises font tous les jours la cuisine ou le ménage, contre seulement 43% des hommes.

Ce travail domestique non rémunéré a-t-il un impact sur le travail rémunéré des femmes ? "Ce n'est pas tant qu'elles ne sont pas concentrées au travail, estime Rachel Silvera. Mais c'est vrai que, à l'arrivée des enfants encore aujourd'hui, qui va prendre un temps partiel ? Qui va prendre un congé un peu plus long pour s'occuper de vous tout petits ? Ce sont encore les mamans. Et les pères sont rares à lever le pied, à travailler moins. Au contraire, ils ont tendance à travailler plus quand arrivent les enfants. Peut-être pour améliorer le train de vie de la famille. C'est possible. Peut-être aussi parce qu'ils fuient certaines tâches domestiques".

Le sport féminin rapporte moins d'argent (pour le moment)

Le vrai ou faux junior se penche aussi sur les inégalités de genre dans le sport. Maëlys se demande, par exemple, pourquoi le sport féminin est "moins diffusé que le sport masculin". Selon Guillaume Battin, journaliste du service des sports de franceinfo, c'est un choix des médias de faire plus de place au sport masculin. Pour la télé, c'est avant tout une question économique : quand elles diffusent un match de foot masculin, par exemple, les chaînes peuvent vendre très cher les publicités, parce qu'il y a beaucoup de spectateurs.

Le sport féminin, lui, est moins populaire mais c'est en train de changer, estime Guillaume Battin : "C'est pour les sports où l'équipe de France est performante. Par exemple, le handball, les filles françaises sont championnes du monde. Donc, quand elles sont dans ces carrés-là, les chaînes diffusent ces matchs-là. D'abord parce qu'on a l'expérience et on voit que les résultats d'audience sont élevés, par millions de téléspectateurs. Quand le sport féminin génère de l'audimat, les sponsors sont là, les télés se disent que c'est une opportunité de diffuser ces compétitions avec des femmes françaises qui performent."

À la radio, à franceinfo, on parle aussi de plus en plus des femmes athlètes. Mais selon Guillaume Battin, il y a encore pas mal d'efforts à faire. Et c'est un sujet dont les journalistes - hommes et femmes - discutent beaucoup entre eux.

Les clubs de foot féminin ont moins d'argent 

"Pourquoi dans le foot les femmes sont moins visibles et leur salaire moins important ?", se demande Darena. La première source de revenus des clubs de foot, ce sont les droits de diffusion des matchs à la télé. Et comme le foot féminin est moins regardé, les clubs ne peuvent pas verser des salaires aussi élevés que dans le foot masculin. Pour rééquilibrer les choses, Guillaume Battin pense que nous, le public, on a aussi un rôle à jouer : "Il faut aller voir les compétitions féminines dans les stades. Il faut acheter des abonnements, il faut acheter des maillots et ce n'est que comme ça que ça progressera. En plus de notre travail de journalistes pour les aider à être médiatisées, à être connues."

Pour le HAC-Montpellier, au Stade Océane, le 17 mars, par exemple, les places commencent à cinq euros seulement. C'est 30 fois moins que le prix moyen des billets pour assister à un match de ligue 1 de football masculin.

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