Le vrai ou faux junior répond aux idées reçues sur le VIH et le sida

Dans le vrai ou faux junior, les élèves nous posent des questions sur les modes de transmission du VIH, sur les traitements qui permettent de vivre avec le VIH et les moyens de se protéger de cette maladie.
Article rédigé par Antoine Deiana
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
La meilleure façon de stopper la transmission du VIH, c'est le dépistage. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)

Ce vendredi 1er décembre est la journée mondiale de lutte contre le sida. À cette occasion, les élèves des collèges Jules-Ferry dans l'Essonne, La Providence à Revel et un adolescent de l'établissement public de santé à Antony nous interrogent sur l'origine du virus, la différence entre VIH et sida, les modes de transmission, les façons de vivre avec et la situation ailleurs dans le monde. Pour leur répondre, nous sommes accompagnés de Bastien Vibert, responsable des programmes VIH au Crips d'Île-de-France.

VIH et sida, deux notions différentes

Arellys a lu que "le VIH et le sida sont deux choses différentes" et elle se demande si c'est vrai.

Oui, c'est vrai, il faut bien distinguer les deux. D'un côté, il y a le VIH, pour virus de l'immunodéficience humaine, autrement dit, c'est un virus qui affaiblit le système immunitaire. De l'autre, il y a le sida qui est un stade avancé de la maladie provoqué par le VIH. Quand on atteint ce stade, c'est que l'on commence à développer des signes d'infection ou certains cancers, par exemple.

Les théories du complot sur les origines du VIH

Juliette se demande s'il est vrai "que le sida a été créé par un laboratoire américain".

Bastien Vibert lui répond que c'est "quelque chose qu'on voit passer sur internet, mais que c'est une fake news, c'est faux." On lit aussi parfois que le VIH "serait un virus qui aurait été introduit par certaines campagnes de vaccination de l'OMS." Tout ceci est "faux", martèle Bastien Vibert, "depuis plusieurs années, on sait comment le virus est passé d'un animal à l'homme, on connaît les origines, les premiers cas identifiés datent de 1981 et la découverte du virus date de 1983, donc il y a 40 ans." 

Non, on ne transmet pas le VIH en s'embrassant

Le Sidaction, avec l'Ifop, publie cette semaine les résultats d'un sondage annuel sur les idées reçues des jeunes sur le sida. On apprend notamment que 30% des 15-24 ans pensent encore que le sida peut se transmettre en embrassant une personne séropositive, donc qui vit avec le VIH. C'est évidemment faux. Louise se demande, quant à elle "si c'est vrai que le lait maternel peut transmettre le sida" et Léon se demande "si le Sida peut être une maladie héréditaire."

Non, le VIH n'est pas héréditaire, il n'y a pas de facteurs génétiques. En revanche, le lait maternel fait partie "des liquides corporels qui peuvent comporter le virus, explique Bastien Vibert. Le VIH peut se transmettre par certains autres liquides corporels d'une personne séropositive, le sang, le sperme et les sécrétions vaginales", précise Bastien Vibert.

Donc les modes de transmission du VIH sont les relations sexuelles non protégées, cela comporte la fellation ou le cunnilingus, l'échange de seringues où il y aura un contact avec le sang et enfin de la mère à l'enfant, quand celle-ci n'est pas sous traitement. En dehors de ces cas, vous ne pouvez pas attraper ou transmettre le VIH. Enfin, non, la piqûre d'un insecte, en particulier le moustique, ne peut pas transmettre le VIH, même si celui-ci a piqué une personne séropositive au préalable, le VIH est un virus strictement humain.

On peut vivre avec le VIH, mais on n'en guérit pas

Olivia se demande s'il est vrai "que le sida ne se guérit pas" et Hugo demande s'il est vrai "que le sida se soigne aujourd'hui".

Grâce aux progrès de la recherche, une personne peut vivre aujourd'hui avec le VIH grâce à un traitement, c'est une à deux gélules par jour à prendre. En revanche, on ne guérit pas du sida, donc pour vivre avec, il faut se faire dépister le plus tôt possible et ainsi avoir accès à ce traitement tout le long de sa vie.

Une personne séropositive sous traitement ne transmet pas le VIH

Alicia a vu sur TikTok "que le sida ne pouvait plus être transmis par les personnes ayant le sida si elles étaient sous traitement" et elle se demande si c'est vrai.

Bastien Vibert lui répond que "c'est vrai, les personnes qui sont porteuses du VIH, si elles sont sous traitement, ne peuvent pas contaminer leur partenaire. Cela fait quinze ans que la science l'a prouvé, avec des études internationales et nationales sur ce fait."

Bastien Vibert explique "que le traitement que la personne prend au quotidien va permettre d'abaisser très fortement la charge virale ou la quantité de virus dans le sang et de ce fait, le virus va rester enfermé dans le corps de la personne, c'est ce qu'on appelle le "i égale i : Indétectable égale intransmissible."

Et ce traitement est gratuit, pris en charge à 100% en France, ce qui n'est pas le cas partout dans le monde.

25% des séropositifs dans le monde n'ont pas accès à un traitement

Clémence se demande s'il est vrai que "le traitement n'est pas pris en charge par tous les pays."

Bastien Vibert lui répond que c'est vrai et c'est même selon lui "une injustice qui est le non-accès au traitement pour 25% des personnes séropositives dans le monde, donc 10 millions de personnes puisqu’il y a 40 millions de personnes qui vivent avec le VIH dans le monde".

Cela représente donc 10 millions de personnes qui n'ont pas accès aux traitements "et qui sont donc en danger de mort". Bastien Vibert explique que les associations se battent contre cette inégalité depuis longtemps et il espère "un jour arriver à 100% des personnes séropositives qui auront accès aux traitements".

Le préservatif n'est pas le seul moyen de se protéger contre la transmission

Aurèle nous demande s'il est "vrai que les préservatifs sont réellement gratuits".

Oui, c'est vrai, depuis janvier dernier les moins de 26 ans ont accès gratuitement en pharmacie aux préservatifs externes, dits masculins. Bastien Vibert se félicite de cette avancée, mais note une petite limite à cela, parce que "les préservatifs internes, dits féminins, ne sont pas gratuits. Cela fera certainement l'objet d'une demande des associations de rendre gratuits tous les types préservatifs pour permettre à chaque personne d'utiliser le mode de prévention qui lui convient le mieux."

Il y a aussi un autre moyen pour se protéger du VIH, la Prep. Il s'agit d'un médicament à prendre tous les jours et qui permet aux personnes séronégatives, qui ne vivent pas avec le VIH, d'être protégées quoi qu’'il arrive contre ce virus. Il suffit d'en parler avec votre médecin qui vous en prescrira.

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