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Le Vrai du Faux Junior répond aux questions sur le harcèlement scolaire

Cette semaine dans le "Vrai du Faux Junior", deuxième épisode des questions consacrées au harcèlement scolaire.
Article rédigé par franceinfo - Antoine Deiana
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le harcèlement scolaire ce manifeste par des microviolences quotidiennes répétées et font suite à un phénomène de bouc émissaire qui se caractérise par l'isolement et la mise à l'écart d'un jeune (BRYCIA JAMES / E+)

Après avoir répondu à des questions sur ce qu'est le harcèlement scolaire et sur la notion de bouc émissaire, le Vrai du Faux Junior répond à de nouvelles questions des élèves du collège André Derain à Chambourcy dans les Yvelines. Ils nous ont interrogés sur les différentes raisons qui amènent à du harcèlement scolaire, sur les conséquences que cela peut provoquer et sur les solutions envisagées et déjà appliquées pour lutter contre. Éric Verdier leur répond. Il est psychologue communautaire, c'est-à-dire qu'il s'intéresse à des causes sociales et utilise la communauté comme ressource pour travailler. Il est membre de l'association SEDAP, la société d'entraide et d'action psychologique à Dijon. Il a notamment créé le programme "Sentinelles et Référents" développé dans une douzaine d'académies depuis 2010 pour lutter contre le harcèlement scolaire et il a aussi copublié en 2021, Violence et justice restaurative à l'école.

La sexualité, cause importante de harcèlement

Camille nous demande s'il est vrai "que la sexualité est la première cause de harcèlement" et Ashley s'interroge sur le fait que la communauté LGBT "pourrait être plus exposée au harcèlement".

Éric Verdier leur répond qu'au collège "oui, la sexualité occupe une place de choix et c'est pour cette raison qu'on pourrait parler d'homophobie, de transphobie, lorsque ça touche la communauté LGBT."

Le psychologue a aussi constaté que "les filles et les garçons, plus généralement, ne sont pas attaqués de la même manière, les filles sont attaquées sur leur liberté d'être, par exemple, ou encore sur leur façon de s'habiller, alors que les garçons sont plutôt attaqués sur leur sensibilité." Éric Verdier explique que "les premières insultes qui vont sortir vont être des insultes souvent homophobes pour les garçons et sexistes pour les filles, c'est-à-dire qu'une fille n'a pas le droit d'être libre et un garçon n'a pas le droit d'être sensible."

Le harcèlement peut mener à la dépression

Syffrandie se demande s'il est vrai que "le harcèlement peut mener à une dépression".

"Oui bien sûr", lui répond Éric Verdier, qui précise que "cela peut, non seulement mener à une dépression, mais ça peut mener à toutes les conséquences du mal être et malheureusement jusqu'au suicide."

Éric Verdier explique que le harcèlement mène aussi "au fait que la personne peut devenir violente." Il précise que "parfois le bouc émissaire, ou la personne qui est harcelée, sa seule façon de s'en sortir, c'est de chercher à attaquer son auteur ou d'attaquer quelqu'un qui a fait du mal et donc il va devenir tout d'un coup très violent."

Toujours à propos des conséquences, Camille se demande s'il est vrai "qu'en étant témoin de harcèlement, sans pour autant réagir, on encourt une peine de prison".


Éric Verdier lui répond qu'avant 13 ans ça n'est pas possible, et même après c'est peu probable, bien que "la non-assistance à personne en danger, existe et pourrait être punie." Mais selon le psychologue, "le plus important n'est pas de se dire : 'est-ce que je vais aller en prison si je n'interviens pas, mais quel est le mal que je fais à l'autre en n'intervenant pas.'" Il explique "que très souvent les personnes qui ont été harcelées disent, que ce qui leur a fait le plus mal, ce n'est pas ce qu'on leur a fait, c'est tout ceux qui ne sont pas intervenus."

Les solutions pour lutter contre le harcèlement

Le ministère de l'Éducation a lancé le programme pHARe en 2021, obligatoire depuis l'an dernier. Il s'agit d'un plan visant à mieux prévenir le harcèlement dans les écoles et collèges. Il vise notamment à éduquer, former les élèves, mais aussi les personnels des établissements. La formation consiste à savoir mieux repérer des cas de harcèlement afin d'intervenir de la bonne façon quand on en repère.

En pratique, cela veut dire former cinq personnes au minimum par collège et cinq personnes par circonscription pour les écoles primaires, à la prise en charge des situations de harcèlement. Le plan pHARe prévoit aussi la formation d'élèves ambassadeurs chargés de repérer et aider les élèves harcelés. Pour Éric Verdier, ce dispositif est "un socle, qui pose un cadre et contraint les établissements à faire quelque chose, mais cela ne va pas assez loin." Selon le psychologue, "il y a deux choses qui sont fondamentales et qui permettent de lutter véritablement contre le harcèlement et contre ce qui est en amont du harcèlement, le phénomène de bouc émissaire."

Il faut, selon lui, "d'abord s'intéresser aux causes, pourquoi cela a démarré, comment cela a démarré et ensuite travailler sur la réparation, comme le fait le dispositif Sentinelles et Référents." Il explique que lorsque "le harcèlement s'arrête, si l'on n'a pas réparé, auprès de la victime, avec, par exemple, ce qu'on appelle des commissions de justice restaurative entre victimes et auteurs, cela ne suffira pas."

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