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Le Vrai du Faux Junior répond aux questions sur le harcèlement scolaire

Cette semaine dans le "Vrai du Faux Junior", les élèves ont des questions sur le harcèlement scolaire.
Article rédigé par franceinfo - Antoine Deiana
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le harcèlement scolaire ce manifeste par des microviolences quotidiennes répétées et font suite à un phénomène de bouc émissaire qui se caractérise par l'isolement et la mise à l'écart d'un jeune. (JUAN ALGAR / MOMENT RF)

Le 7 janvier dernier, Lucas, 13 ans, se suicidait par pendaison, à Golbey (Vosges). Ses proches, dont ses parents, affirment qu'il était harcelé en raison de son homosexualité. Un drame qui a particulièrement marqué les élèves du collège André Derain à Chambourcy dans les Yvelines. Ils nous ont interrogés sur le harcèlement scolaire, son origine, ses conséquences et sur les possibles solutions envisagées pour lutter contre. Dans cette première partie consacrée au harcèlement, c'est Eric Verdier qui leur répond. Il est psychologue communautaire, c'est-à-dire qu'il s'intéresse à des causes sociales et utilise la communauté comme ressource pour travailler. Il est membre de l'association SEDAP, la société d'entraide et d'action psychologique à Dijon. Il a notamment créé le programme "Sentinelles et Référents" développé dans une douzaine d'académies depuis 2010 pour lutter contre le harcèlement scolaire et il a aussi copublié en 2021, Violence et justice restaurative à l'école.

Le harcèlement scolaire et le phénomène de bouc émissaire

Selon Eric Verdier, quand on dit harcèlement scolaire "on parle de micro violence quotidienne répétée, des petites ou grosses violences à répétition qui paraissent isolément un peu anodines et qui se passent tous les jours et plusieurs fois par jour."

Mais pour Eric Verdier, le harcèlement est un phénomène qui arrive souvent très tard dans les histoires, au bout du processus, car avant cela, il y a un autre phénomène qui se passe, celui de "bouc émissaire". Selon Eric Verdier "le phénomène de bouc émissaire, consiste globalement à mettre à l'écart quelqu'un ou à faire en sorte que quelqu'un comprenne que finalement, qu'il soit là ou non, ça ne change pas grand chose." Pour le psychologue, le phénomène de bouc émissaire "est au moins dix fois plus fréquent que le harcèlement et les boucs émissaires, ce sont des pré-harcelés, mais c'est aussi des pré-harceleurs, c'est les deux."

Il n'y a pas forcément plus de harcèlement aujourd'hui qu'il y a 50 ans

Gaëtan se demande "s'il est vrai que le harcèlement était moins présent il y a 50 ans."

Selon Eric Verdier "c'est difficile de le savoir parce qu'il n'y avait pas la même prise de conscience, il y a 50 ans." Il explique à Gaëtan qu'en "nommant quelque chose, on a l'impression qu'il y en a beaucoup plus qu'avant, mais c'est juste qu'avant, on ne le regardait pas, on ne s'en rendait pas compte."

Non le harcèlement scolaire n'est pas dû aux réseaux sociaux

Julia demande s'il est vrai "que le harcèlement scolaire subi par les victimes aujourd'hui est dû aux réseaux sociaux".

"Non" lui répond Eric Verdier, "ce n'est pas dû aux réseaux sociaux, mais les réseaux sociaux amplifient considérablement ce phénomène." Il explique que parfois "ça prend même racine dans les réseaux sociaux et ce qui est très grave avec les réseaux sociaux, c'est que la personne ne peut pas s'en extraire, sauf si elle coupe complètement la relation aux réseaux sociaux". L'avantage avec les réseaux sociaux, qu'on n'a pas forcément dans la "vraie vie" c'est qu'on a "la possibilité d'avoir des preuves" explique le psychologue. Il conseille donc, "quand vous êtes confrontés, quelle que soit la position dans laquelle vous êtes, à quelque chose qui vous fait penser, pas forcément à du harcèlement, mais à de la violence, de la discrimination, des choses qui ne vous paraissent pas justes, faites des copies d'écran !"

Non, ce n'est pas au collège qu'on trouve le plus de harcèlement

Maxence demande s'il est vrai "que c'est au collège qu'il y a le plus de cas de harcèlement".

Selon Eric Verdier, "on peut dire qu'au collège, c'est l'âge de tous les dangers, notamment par rapport à des questions qui touchent à la sexualité et qui touchent au fait que c'est une transformation très importante de l'adolescence, mais non ce n'est pas là où il y a le plus de harcèlement." Eric Verdier explique "qu'on sait maintenant qu'il y en a beaucoup plus encore au primaire." Selon ses 20 ans de travaille sur le sujet, sur le terrain, "une très grosse partie des jeunes, en collège et au lycée, qui subissent encore des phénomènes de boucs émissaires, voire du harcèlement, disent que ça a commencé en primaire, c'est très fréquent."

Oui souvent l'entourage ne s'en rend pas compte

Ashley se demande s'il est vrai "que le harcèlement peut durer des années sans que personne de l'entourage de la victime ne s'en rende compte".

"Oui, c'est vrai", selon Eric Verdier, "c'est même plutôt fréquent d'autant plus s'il y a un phénomène de bouc émissaire". Selon lui, "si le jeune est déjà dans une situation où il est un peu isolé ou s'il a du mal à être inclus, c'est ce qui fait que parfois, quand le harcèlement arrive, il y a tellement de choses qui sont passées avant, sur lesquelles on n'a pas réagi, qu'on ne voit pas qu'une échelle a été franchi et que c'est en train de devenir du harcèlement."

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