Cet article date de plus de sept ans.

Le sens de l'info. Les vertus de l'échec

Le philosophe Michel Serres et Michel Polacco parlent de l’échec et Michel Serres souligne que bien des réussites sont d’épouvantables échecs.

Article rédigé par franceinfo, Michel Polacco - Michel Serres
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Selon Lao Tseu, "l'échec est au fondement de la réussite" (PAUL BRADBURY / OJO IMAGES RF / GETTY IMAGES)

L'échec est décevant, il est l'inverse de la réussite

Et donc l'échec est négatif et mal perçu. Pourtant l'échec est souvent le fruit du même travail archarné que la réussite, résultat du talent ou du sort ou des deux. Et l'on blâme l'échec à tort, car du travail il y a toujours apprentissage et donc progrès. On apprend de ses erreurs et de ses échecs. 

Pour Michel Serres, la vie de Jésus-Christ est l'illustration d' "une vie complètement ratée, un échec gigantesque...Et pourtant ce monsieur a eu une grande importance puisque nous vivons aujourd'hui dans l'année 2016 après JC. Cette vie ratée est intéressante à raconter à cause de cette réussite." 

Du côté des réussites, Michel Serres souligne que l'Histoire aime le récit des grandes réussistes, et des quêtes de pouvoir mêlées de combats et de morts. On appelle les vainqueurs de ces combats et de ces quêtes, les gagnants. Ou les tueurs. 

La réussite, la victoire, pactisent avec la mort

Michel Serres

Les vertus de l'échec 

C'est le titre de l'essai publié par le philosophe Charles Pépin le 22 septembre 2016 aux éditions Allary.

Échouer aurait donc un côté positif ? Y aurait-il un effet bienfaiteur dans le fait de se prendre une gamelle ? Des avantages à subir une déconvenue, que ce soit dans la vie privée ou professionnelle ? Des raisons de se réjouir - voire de sourire - après avoir échoué ? "Mille fois oui, répond le philosophe, pour qui l'échec peut être au moins aussi vertueux que la réussite... Mieux, les deux concepts, a priori contraires, ne le sont pas vraiment. Ils sont même très proches."


"Lorsque nous échouons, nous nous identifions à l'échec, explique Charles Pépin, nous nous persuadons que c'est nous qui sommes des ratés ! Nous confondons l'échec de notre projet avec celui de notre personne. Nous vivons dans un vieux pays qui fut jadis une grande puissance. Nous percevons implicitement le succès comme une fidélité à la norme, au passé. Et l'échec comme un manquement à cette tradition ou à cette norme, et non comme une expérience enrichissante ou une preuve d'audace. C'est une façon de voir très singulière, complètement différente de celle des américains, par exemple..."
(Source : Le Figaro)

L'échec : que disent les philosophes ?

Ils parlent très peu de l'échec, ne font que l'évoquer. Il n'existe aucun livre important sur l'échec dans la philosophie occidentale. Ni dialogue platonicien, ni texte de Descartes, Kant ou Hegel... tandis que Lao Tseu écrit : "L'échec est au fondement de la réussite"… C'est un sujet oublié en Occident. Pire, lorsque nos grands philosophes parlent de l'échec, ils en parlent mal. Ils donnent une vision culpabilisante de l'échec. Pour Descartes, par exemple, l'échec traduit forcément un mauvais usage de notre volonté.

Article d'ATD quart monde sur l'échec scolaire

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.