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Les auditeurs de franceinfo s'interrogent sur le traitement de la réforme des retraites

Comment une radio d’information en continu parle-t-elle de la réforme des retraites, sans lasser ? Emmanuelle Daviet reçoit le directeur adjoint de la rédaction de franceinfo, Florent Guyotat.
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Paris, le 11 mars 2023. Des milliers de manifestants sont réunis à Paris, pour protester contre la réforme des retraites du gouvernement d'Elizabeth Borne. (Illustration) (ANTOINE GYORI - CORBIS / CORBIS VIA GETTY IMAGES)

Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo, répond aux interrogations des auditeurs sur le traitement de la réforme des retraites, depuis la présentation du texte, début janvier, jusqu'au déclenchement du 49.3, ce jeudi. Florent Guyotat est au micro d'Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France. 

Emmanuelle Daviet : La réforme des retraites est au cœur de l’actualité depuis plusieurs semaines maintenant. Et sur une chaîne d’info continue, comment renouvelez-vous les angles, pour traiter ce sujet sans lasser les auditeurs ?

Florent Guyotat : Alors déjà, pour nous, il y a quelque chose de primordial, c’est le devoir d’explication. Depuis sa présentation au début du mois de janvier, le texte a énormément évolué jusqu’au déclenchement du 49.3. Et nous, on s’est efforcé, à chaque étape, d’expliquer les changements dans ce texte sur l’âge légal, sur la durée de cotisation, sur les carrières longues, sur la pénibilité.

C’est vraiment notre premier objectif. Présenter ce texte, l’expliquer pour que chacun ensuite se fasse une opinion. Après, on parle beaucoup aussi de certaines professions qui sont très mobilisées, comme les cheminots, comme certains électriciens et gaziers, comme les éboueurs aussi, en ce moment à Paris.

Mais on s’efforce également de donner la parole à d’autres salariés, des salariés de la deuxième ligne, comme on dit. Et puis des salariés qui travaillent dans les services, avec des gens aussi, qui parfois sont favorables à la réforme. On s’efforce de donner la parole à tout le monde et à tout type de métiers.

Alors, on donne la parole à ceux qui sont favorables à cette réforme. Précisément, des auditeurs estiment qu’on entend davantage des opposants.

Comment se répartit cette parole entre les différents points de vue ? Est-ce que vous trouvez d’abord que le constat des auditeurs qui disent que la parole est essentiellement donnée aux opposants, est fondé ?

C’est une impression que l’on peut avoir, mais si c’est une impression qui est fausse. D’abord, nous sommes contrôlés par l’ARCOM, qui a remplacé le CSA et qui est donc l’autorité de régulation et de contrôle des médias audiovisuels.

Nous avons des impératifs de pluralisme et nous sommes contrôlés pour cela. Si jamais nous donnions la parole trop à telle ou telle personne ou à tel ou tel camp, on nous le ferait remarquer et nous devrions rectifier le tir. Il faut savoir que nous donnons la parole à tout le monde.

Lorsque, par exemple, à 8h30, dont le rendez-vous politique du matin, vous entendez un opposant à la réforme. À chaque fois, on s’efforce de donner plus tôt dans la matinale la parole à quelqu’un qui, au contraire, approuve cette réforme.

Et ça vaut pour l’inverse aussi, lorsque nous avons un ministre ou un représentant de la majorité présidentielle à 8h30. Plus tôt dans la matinale, nous nous efforçons de donner la parole à quelqu’un qui conteste cette réforme.

Emmanuelle Daviet : Dans certains messages, des auditeurs regrettent un traitement trop parisien de cette actualité.

Alors je vous lis l’un d’entre eux. "Une nouvelle fois, le service public ne parle que des éboueurs parisiens. Vous vous intéressez au nombre des éboueurs en grève sur l’ensemble du territoire ? On ne sait même pas combien de villes sont concernées."

Et puis un autre message dans lequel on peut lire : "Sur les manifestations contre la réforme des retraites, un intervenant dit que le mouvement a moins de succès qu’en 2010, car il y a moins de manifestants à Paris. Paris n’est pas la France. Dans mon département de l’Isère, plein de villes moyennes organisent des manifestations locales. Il est plus facile de défiler localement que d’aller à Paris pour des raisons de temps et d’argent, nous écrit cet auditeur, "donc merci aux journalistes de ne pas oublier les provinciaux, et de savoir faire des additions", dit-il en concluant son message.

Que répondez-vous à ces remarques, Florent Guyotat ?

Florent Guyotat : Là aussi, ma réponse est que notre traitement n’est pas exclusivement parisien, loin de là. On s’est efforcé tout au long de la contestation, tout au long de la présentation et des évolutions liées à cette réforme, d’aller dans différentes villes moyennes de France où nous sommes allés ces dernières semaines, pour ne citer que ces villes, à Troyes, Morlaix, ce vendredi, nous avions quatre reporters dans quatre villes de France à Rennes, à Saint-Etienne, à Montargis, également à Marseille.

Donc on voit qu’on fait des efforts, vraiment pour ne pas traiter que cette actualité de manière parisienne. Après, il y a évidemment des images qui frappent l’opinion. Le rassemblement ce jeudi soir, 16 mars, à la Concorde à Paris. Nous sommes obligés de le traiter parce que c’est en face de l’Assemblée nationale et que ça a une forte portée symbolique. Mais à chaque fois, encore une fois, nous nous efforçons d’aller dans différentes villes de France, et de donner la parole à tous types de métiers, tous types de corps sociaux.

Nous sommes attentifs aussi à ce qui se passe dans les entreprises, avec des gens qui ne sont pas forcément syndiqués, à des chefs d’entreprise aussi, qui peuvent avoir des craintes sur la manière dont la réforme évolue, ou des craintes sur ce qu’elle pourrait provoquer sur leur activité économique. Et tout cela, nous nous efforçons d’en rendre compte de manière pluraliste.

 

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