USA : sécheresse record depuis 1956
Sur des dizaines de miles, le long
des pistes poussièreuses du Kansas, c'est un spectacle de désolation. A perte
de vue, des champs brûlés par le soleil, des épis flétris. Soja, maïs, blé, des
récoltes entières sont perdues. En ce mois de septembre, le thermomètre affiche
encore 40 degrés et cela fait plusieurs semaines que ça dure.
Dans sa ferme de
Mac Pherson, au nord du Kansas, Daryl Larson se désole devant ses plantations
dévastées. "Cela fait plus d'un mois et demi qu'on n'a pas eu une
goutte d'eau et les températures ont dépassé les 40 degrés la plupart du temps.
Dans ce champ, c'était du soja. On l'a planté au printemps. Il y a des endroits
où il est complétement mort, il est devenu tout marron, les feuilles ont jauni.
Sur cette centaine d'hectares, on va peut être faire 10% de récoltes par
rapport à une année moyenne. Vous sentez le vent qui souffle en ce moment, il
est très chaud, c'est comme une fournaise, il assèche tout très
rapidement".
Partout au Kansas et dans l'état voisin du
Nebraska, les rendements sont les plus faibles depuis 10 ans. Le fourrage pour
le bétail commence à manquer, les points d'eau sont à sec. On voit partout sur
les routes, les fermiers à bord de camion-citerne, à la recherche d'eau pour
leurs animaux. Et dans sa ferme de Logan, à la frontière du Kansas et du
Nebraska, Dorothy -qui élève une centaine de vaches avec son mari- commence à
s'inquiéter pour l'avenir de son exploitation et de ses animaux. "Je ne
sais même pas si on a assez de nourriture pour tenir un mois. On n'a aucune
idée de la quantité d'eau qu'il reste dans les puits. Si on n'a plus d'eau, il
faudra vendre les bêtes avant qu'elles meurent. Je fais attention aux dépenses
et c'est un fardeau parce qu'il faut aller à la banque et emprunter toujours
plus. C'est un cercle vicieux. On voudrait transmettre la ferme à notre fils
Charles, donc ça aussi c'est une inquiétude. On prie le ciel pour qu'il pleuve.
Plusieurs fois, il a plu à une dizaine de kilomètres de la maison, mais ici,
pas une goutte".
Plus on monte vers le nord du
Kansas, plus c'est sec, plus la situation est dramatique. Sur les sites
internet, des fermiers lancent des appels à l'aide, à la recherche de fourrage
pour leurs animaux. Certains vont jusqu'au Canada -à 1500 km de là- pour
acheter du foin, de la luzerne, vendus en ce moment le double du prix habituel.
Aides du gouvernement
L'état
d'urgence a été décrété dans 31 états américains. Le Kansas a débloqué des
subventions pour aider les agriculteurs à creuser des puits ou à étendre les
systèmes d'irrigation et le gouvernement a mis à disposition des champs
destinés aux agriculteurs qui n'ont plus rien pour nourrir leurs animaux.
Après
avoir vendu une partie de son troupeau, Kendall Grecian, fermier au nord du
Kansas, s'est décidé à y conduire ses 300 vaches. " *Cela n'est pas une bonne solution
parce que l'herbe n'est pas aussi nourrissante que dans nos champs, donc il
faut donner des protéines en complément... En plus, nous devons leur apporter de
l'eau et aussi construire des enclos provisoires, ce qui coûte très cher et
prend beaucoup de temps. On y consacre les ¾ de nos journées mais bon, c'est
une des seules solutions".
- Les
assurances ne couvriront pas toutes les pertes, les fermiers les mieux assurés
seront remboursés à hauteur de 60%.
Flambée des prix
A
la bourse de Chicago -qui fixe le cours des céréales pour tout le pays- les
cours s'envolent : +26% pour le maïs, +41% pour le blé ces dernières semaines.
L'Amérique est le premier producteur mondial de maïs, gros exportateur de soja
et de blé.
La hausse des prix pourrait donc avoir de larges répercussions
craint Bruce Williams, directeur d'une coopérative agricole de Philippsburg, au
Kansas. " En
ce moment, le soja se vend très cher, 16 dollars la mesure contre 10 ou 11
dollars normalement et il pourrait même atteindre les 20 dollars. Cela fait 31
ans que je fais ce métier, je n'ai jamais vu de telles fluctuations. Avant, on
était toujours étonné quand les céréales variaient de 2 ou 3 cents, c'était
déjà une variation importante. Les prix très élevés ne nous aident pas vraiment
parce que ça fait monter le prix de l'essence et des denrées alimentaires. En
plus, ça nous démoralise encore plus, parce qu'on n'a rien à vendre".
** Chaque
jour, les agriculteurs américains gardent les yeux rivés sur le ciel, les
quelques gouttes de pluie, tombées il y a 10 jours, n'ont rien changé. Les
climatologues estiment qu'il faudra une à deux années pour effacer les traces
de cette sécheresse.
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