Sur des dizaines de miles, le longdes pistes poussièreuses du Kansas, c'est un spectacle de désolation. A pertede vue, des champs brûlés par le soleil, des épis flétris. Soja, maïs, blé, desrécoltes entières sont perdues. En ce mois de septembre, le thermomètre afficheencore 40 degrés et cela fait plusieurs semaines que ça dure.Dans sa ferme deMac Pherson, au nord du Kansas, Daryl Larson se désole devant ses plantationsdévastées. "Cela fait plus d'un mois et demi qu'on n'a pas eu unegoutte d'eau et les températures ont dépassé les 40 degrés la plupart du temps.Dans ce champ, c'était du soja. On l'a planté au printemps. Il y a des endroitsoù il est complétement mort, il est devenu tout marron, les feuilles ont jauni.Sur cette centaine d'hectares, on va peut être faire 10% de récoltes parrapport à une année moyenne. Vous sentez le vent qui souffle en ce moment, ilest très chaud, c'est comme une fournaise, il assèche tout trèsrapidement". Partout au Kansas et dans l'état voisin duNebraska, les rendements sont les plus faibles depuis 10 ans. Le fourrage pourle bétail commence à manquer, les points d'eau sont à sec. On voit partout surles routes, les fermiers à bord de camion-citerne, à la recherche d'eau pourleurs animaux. Et dans sa ferme de Logan, à la frontière du Kansas et duNebraska, Dorothy -qui élève une centaine de vaches avec son mari- commence às'inquiéter pour l'avenir de son exploitation et de ses animaux. "Je nesais même pas si on a assez de nourriture pour tenir un mois. On n'a aucuneidée de la quantité d'eau qu'il reste dans les puits. Si on n'a plus d'eau, ilfaudra vendre les bêtes avant qu'elles meurent. Je fais attention aux dépenseset c'est un fardeau parce qu'il faut aller à la banque et emprunter toujoursplus. C'est un cercle vicieux. On voudrait transmettre la ferme à notre filsCharles, donc ça aussi c'est une inquiétude. On prie le ciel pour qu'il pleuve.Plusieurs fois, il a plu à une dizaine de kilomètres de la maison, mais ici,pas une goutte".Plus on monte vers le nord duKansas, plus c'est sec, plus la situation est dramatique. Sur les sitesinternet, des fermiers lancent des appels à l'aide, à la recherche de fourragepour leurs animaux. Certains vont jusqu'au Canada -à 1500 km de là- pouracheter du foin, de la luzerne, vendus en ce moment le double du prix habituel.Aides du gouvernementL'étatd'urgence a été décrété dans 31 états américains. Le Kansas a débloqué dessubventions pour aider les agriculteurs à creuser des puits ou à étendre lessystèmes d'irrigation et le gouvernement a mis à disposition des champsdestinés aux agriculteurs qui n'ont plus rien pour nourrir leurs animaux.Aprèsavoir vendu une partie de son troupeau, Kendall Grecian, fermier au nord duKansas, s'est décidé à y conduire ses 300 vaches. " *Cela n'est pas une bonne solutionparce que l'herbe n'est pas aussi nourrissante que dans nos champs, donc ilfaut donner des protéines en complément... En plus, nous devons leur apporter del'eau et aussi construire des enclos provisoires, ce qui coûte très cher etprend beaucoup de temps. On y consacre les ¾ de nos journées mais bon, c'estune des seules solutions". Lesassurances ne couvriront pas toutes les pertes, les fermiers les mieux assurésseront remboursés à hauteur de 60%.Flambée des prixAla bourse de Chicago -qui fixe le cours des céréales pour tout le pays- lescours s'envolent : +26% pour le maïs, +41% pour le blé ces dernières semaines.L'Amérique est le premier producteur mondial de maïs, gros exportateur de sojaet de blé. La hausse des prix pourrait donc avoir de larges répercussionscraint Bruce Williams, directeur d'une coopérative agricole de Philippsburg, auKansas. " Ence moment, le soja se vend très cher, 16 dollars la mesure contre 10 ou 11dollars normalement et il pourrait même atteindre les 20 dollars. Cela fait 31ans que je fais ce métier, je n'ai jamais vu de telles fluctuations. Avant, onétait toujours étonné quand les céréales variaient de 2 ou 3 cents, c'étaitdéjà une variation importante. Les prix très élevés ne nous aident pas vraimentparce que ça fait monter le prix de l'essence et des denrées alimentaires. Enplus, ça nous démoralise encore plus, parce qu'on n'a rien à vendre".** Chaquejour, les agriculteurs américains gardent les yeux rivés sur le ciel, lesquelques gouttes de pluie, tombées il y a 10 jours, n'ont rien changé. Lesclimatologues estiment qu'il faudra une à deux années pour effacer les tracesde cette sécheresse.