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Trop chères, suréquipées : les voitures françaises répondent-elles vraiment aux attentes et au budget ?

Le Mondial de l'Automobile s'est ouvert le week-end dernier sur fond de crise aigüe du secteur. Les patrons de PSA et Renault mettent en cause le manque de compétitivité de la France, le coût du travail y serait trop élevé. Mais dans un marché européen ultra concurrentiel, les constructeurs hexagonaux proposent-ils des modèles qui correspondent réellement aux attentes et au porte monnaie des Français?
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Pendant ce Mondial de l'auto,
plus d'une centaine de nouveautés vont être dévoilées. Toutes plus belles, plus
performantes, plus équipées, que les modèles précédents. C'est une tendance
lourde depuis une quinzaine d'années : dans un marché européen saturé, les
constructeurs rivalisent d'innovations technologiques.

Et pourtant, d'après Flavien
Neuvy qui dirige l'observatoire Cetelem de l'automobile (organisme de référence
pour son expertise sur le secteur), aujourd'hui pour 82 % des Français, le
critère le plus déterminant dans l'achat d'une voiture, c'est son prix.  

"Les clients ne demandent pas forcement des
voitures toujours plus suréquipées et donc plus chères
", constate-t-il. "Les détecteurs de pluie, les radars de recul,
les freins à mains électriques, tout cela ce sont des innovations qui ne font
pas vendre plus de voiture, au contraire cela fait même partir certains clients
qui n'ont plus les moyens d'acheter ces modèles".
 

Mais cette sensibilité des
acheteurs au prix n'est pas complètement prise en compte par les
constructeurs. Ainsi, ces 10 dernières années, le prix des voitures
neuves a grimpé de plus de 3 %. A l'image de Frederic Saint Geours, le
directeur des marques du groupe PSA, les dirigeants de l'industrie
automobile ont tendance à minimiser  l'importance du prix "quand vous demandez à un client pourquoi
il a acheté une voiture, je vous assure que le prix n'est pas la première
réponse qu'il donne, c'est le design, les prestations. Donc il y a un recevoir
de rentabilité, si nous arrivons à faire monter nos marques en gamme".

Confronté à de sérieuses
difficultés, PSA favorise en effet la montée en gamme de ses modèles, notamment
sur les petites voitures comme la DS3 une citadine ultra design, qui coûte près
de 15.000 euros. 

D'après François
Roudier, du comité des constructeurs automobiles français, "le problème actuel est celui de la classe
moyenne, la crise touche la classe moyenne donc elle affecte les produits destinés
à cette classe moyenne. L'entrée de gamme fonctionne bien, car la classe
moyenne achète au moins cher et le haut de gamme, même quand il s'agit de
petites citadines, fonctionne bien également car les riches sont toujours là".

Bipolarisation du marché

Pour décrire cette
situation, on parle de bipolarisation du marché
D'où la difficulté de proposer des modèles
qui collent parfaitement au désir d'acheteurs qui ont des attentes et des
profils très divers, voire contradictoires. Béatrice Foucher, est aujourd'hui à la tête de
la filière électrique de Renault mais jusqu'au mois dernier, elle était chef de
produit, c'est à dire chargée d'élaborer les futurs modèles. D'après elle,
pour qu'une voiture rencontre son public en quelque sorte, tout est une
question de dosage: "au départ c'est
une équation impossible entre la concurrence technologique, les ingénieurs qui
ont des idées merveilleuses mais parfois trop coûteuses et les contraintes budgétaires
des acheteurs. Alors la bonne recette, c'est le bon produit, au bon prix pour
les bons clients. Une réussite par exemple, c'est toute la gamme Dacia".

Sauf que le succès de Dacia
en France, Renault ne l'avait pas vraiment prévu. Lancées il y a 8 ans,
ces voitures à l'équipement assez basique et produites notamment en Roumanie étaient
uniquement destinées aux marchés des pays émergents. Pas du tout à la clientèle
française dont on pensait qu'elle ne voudrait jamais d'une voiture aussi simple.

 

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