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Que reste-t-il de la "Chiraquie" ?

Jacques Chirac ne fera donc pas appel du jugement qui l'a condamné hier à deux ans de prison avec sursis. L'ancien président a été reconnu coupable dans une affaire d'emplois fictifs à la ville de Paris, affaire qui remonte aux années 90. Au-delà de ce jugement, Jacques Chirac est entré hier dans l'Histoire comme le premier ancien chef d'Etat républicain à être condamné par la justice.
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Si certains, dans les rangs de l'UMP, ont voulu voir dans ce jugement la preuve d'une justice indépendante, beaucoup d'élus, de ministres ont dit leur tristesse, leur incompréhension. Le député UMP Jean-Pierre Dupont, qui a succédé à Jacques Chirac dans la 3e circonscription de la Corrèze, considère que ce jugement est injuste et humiliant pour un homme d'Etat de la stature de Jacques Chirac. "C'est un homme qui s'est donné à la République, qui s'est donné à la France. Je l'ai toujours vu satisfaire à tous ses mandats républicains, qu'il s'agisse du plus modeste qui a démarré à Sainte-Féréole comme conseiller municipal et qui a fini là où vous savez. Alors les emplois fictifs, les emplois fictifs... On n'aurait peut-être pas demandé de la clémence mais on aurait pu demander un peu plus de reconnaissance ", regrette le député. Le très chiraquien Christian Jacob est lui aussi attristé par ce jugement. Mais le président du groupe UMP à l'Assemblée estime que cette décision de justice sera vite oubliée et que les Français conserveront de Jacques Chirac l'image d'un homme d'Etat.

Seul pendant les démêlés judiciaires

Beaucoup de personnalités UMP apportent aujourd'hui leur soutien à Jacques Chirac pourtant, l'ancien président a semblé très seul tout au long de ses problèmes avec la justice. Comme un symbole de cet isolement, seule la fille adoptive de Jacques Chirac -Anh Dao Traxel- était présente à l'énoncé du jugement. Pas d'autres membres du clan Chirac, pas de représentants politiques non plus. Au cours de cette affaire, les soutiens et alliés de Jacques Chirac sont restés discrets. Mais cela n'étonne pas Jean-François Probst, ancien conseiller de Jacques Chirac. "Un homme politique dans la vie, il est lâché, rejoint... En tout cas, moi je garde toute ma considération pour Jacques Chirac. Et j'espère que Madame Chirac qui disait "les Français n'aiment pas mon mari" se rendra vite compte que 85% des Français adorent son mari, même après cette condamnation ".

L'héritage des Chirac

Paradoxalement, pourrait-on dire, Jacques Chirac est condamné pour des détournements de fonds commis à Paris, dans une ville pour laquelle il aura beaucoup oeuvré. C'est à la mairie de Paris que Jacques Chirac a effectué son mandat le plus long, élu 3 fois entre 1977 et 1995. C'est au cours des deux dernières années de son mandat qu'il s'est rendu coupable, selon le jugement rendu hier, de 19 emplois fictifs à son cabinet de maire de Paris. Alors cette condamnation est comme une tâche qui vient un peu ternir le travail pourtant titanesque accompli par Jacques Chirac dans la capitale. "C'est un homme qui aura mis son empreinte sur Paris, qui l'a énormément transformé, la coulée verte, les jardins Citroën, il aura aussi laissé son musée, le musée du quai Branly. Le Paris d'aujourd'hui est un Paris chiraquien comme au 19ème siècle il y a eu un Paris hausmannien" rappelle le journaliste et écrivain Denis Jeambar, auteur de l'ouvrage "Accusé Chirac, levez-vous!".
Au niveau politique, l'ancienne ministre de la culture -Christine Albanel- défend l'héritage de l'ancien chef de l'Etat. Cette proche de Jacques Chirac estime qu'il a laissé son empreinte sur la vie politique française. "Il y a une famille Chirac, ça existe. Il y a beaucoup de fidélité autour de lui. Il y a aujourd'hui des gens comme François Baroin qui se réclament d'une famille Chirac, moi aussi j'en fais partie. Je le rencontre encore aujourd'hui. Sa santé est altérée, il n'est plus celui qu'il a été mais nous pouvons évoquer des souvenirs". Fin novembre, Jacques Chirac a fêté ses 79 ans. Ses pertes de mémoire, ses difficultés d'audition et ses troubles neurologiques ne lui avaient pas permis d'assister à son procès. Ce sont ces mêmes problèmes de santé qui l'ont conduit à se retirer du Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit.

Sébastien Baer

 

 

 

 

 

 

Sébastien Baer

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