L'ambiancedans les fédérations départementales du PS, ces dernières semaines, n'est pasvraiment au beau fixe. Les militants ont connu des jours meilleurs. Desresponsables de sections confient que certains refusent de distribuer lestracts envoyés par le siège national du parti. D'autres expliquent qu'ilspréfèrent retarder leur entrée dans la campagne des municipales car l'accueilrisque d'être assez froid de la part des habitants. D'autres encore secontentent pour l'instant de distribuer les tracts appelant à s'inscrire surles listes électorales.AIssy-les-Moulineaux, là, la gauche est entrée en campagne. Il faut dire quedans cette commune, le PS incarne l'alternance puisque le maire de droite AndréSantini est aux commandes de la ville depuis pas moins de 33 ans. Mais mêmedans ce contexte local, le jeune candidat du PS Thomas Puijalon se garde bienpour le moment de mettre la rose au poing, logo du PS en bas de ses tractsdistribués aux sorties de métro et sur les marchés ces derniers jours. "Laissez-moivous présenter Thomas Puijalon, candidat à la mairie", "Pour lesprochaines municipales, découvrez le candidat du renouveau pour laville ". C'est avec ces formules que les militants vont au devant despassants. Sans afficher trop vite et trop clairement la couleur politique pasvraiment des plus populaires en ce moment.Quand une discussion s'engageavec certains citoyens, là ils finissent pas préciser que leur poulain est lecandidat du PS. Ils reçoivent alors un accueil mitigé, bien moins chaleureuxqu'il y a un an et demi, avant l'arrivée de François Hollande à l'Elysée. "Un goût amer dans la bouche""Moije suis de gauche, mais ces derniers temps, j'ai comme un goût amer dans labouche, je suis déçu ", explique un jeune homme d'une trentaine d'année.Ils sont nombreux comme lui à s'impatienter, à espérer lechangement promis par le chef de l'Etat. Un autre électeur s'arrête. Luiaussi réclame "un coup de barre à gauche ". Il se souvient ducandidat Hollande présentant la finance comme son ennemi, et explique ne pasavoir vu la concrétisation de ces engagements en faveur de plus de justicesociale.Déception,mécontentement : cela reflète finalement les 26 % d'opinions favorablespour François Hollande dans les derniers sondages.Une situation difficile à gérer Al'image de Thomas Puijalon à Issy-les-Moulineaux, les candidats PS sontnombreux à s'efforcer de présenter au maximum les municipales comme un scrutin100% local et non partisan. "Je vais ouvrir ma liste à la société civile.Il y aura avec moi des personnes de gauche, mais aussi des personnes de droite.Je veux rassembler des talents de tous bords car les enjeux à Issy sontparticuliers et très locaux ", explique le jeune candidat qui tient bon,qui fait face dans un contexte national défavorable.Du côté des militants, lesplus sincères ne cachent pas que la période est douloureuse. "Moi,je milite depuis 15 ans et je dois avouer que ça a rarement été aussi délicatpour nous de militer. Quand on fait du porte-à-porte ou quand on va à larencontre des habitants en ville, on se fait interpeller par des gens qui necomprennent pas la politique d'imposition du gouvernement Ayrault. Ces gensnous demandent pourquoi cette équipe de gauche ne fait pas plus pour le pouvoird'achat des moins fortunés ", confie Claude 62 ans. "Nous, lesmilitants PS en ce moment, on courbe l'échine, on a un peu le cuir tanné, maisil faut rester fidèles à notre camp malgré tout. J'ai encore espoir et je penseaux réalisations parce qu'il y en a tout de même ", ajoute le sexagénaire. Des maires qui claquent la porte du PS Certainsne sont pas prêts à la fidélité à toute épreuve de Claude. Ainsi des militantset même quelques élus déçus quittent le PS.Deuxmaires ont rendu leurs cartes et l'ont fait savoir ces derniers jours : celuide Conflans-Sainte-Honorine, et celui de Fleury-Mérogis. Le maire de Fleury,David Derrouet, 36 ans, au PS depuis 20 ans était pourtant un soutien deHollande de la première heure. Il l'avait même accueilli dans sa commune lorsdes primaires en 2011. Un maire déçu. Dans son bureau, il y a bien un portraitde chef d'Etat, mais c'est celui de François Mitterrand.... un portrait jauni."La désillusion est très grande. Je ne me reconnais pas du tout dans lapolitique de logement, la politique fiscale, la politique pénitentiaire de cegouvernement, sans parler des questions de pouvoir d'achat. Quand je reçoisdans mon bureau des retraités qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts alorsqu'ils ont travaillé toute leur vie, j'ai honte de la politique menée en cemoment ", dénonce le jeune maire amer.Pasquestion pour David Derrouet de rejoindre pour autant le Front de gauche deJean-Luc Mélenchon ou tout autre parti.Après l'hémorragie des militants, celle des électeurs?Déçu,le premier secrétaire du PS de Charente, Jonathan Munoz l'est aussi. Il craintque la facture soit très lourde en mars. Il le dit dans une lettre adressée àses militants la semaine dernière, lettre publiée par la presse locale. "Jesais que vous vous interrogez sur le cap de ce gouvernement, sur son action "écrit-il, "il y a urgence à rectifier le tir sinon cela risque d'êtreterrible pour nous aux prochaines élections " peut-on lire encore dansce courrier. Jonathan Munoz explique qu'il reçoit régulièrement des coups detéléphone de militants qui demandent qu'on ne les compte plus dans les rangs duPS. "Après l'hémorragie de militants, j'ai bien peur que se prépare unehémorragie des électeurs car je reçois aussi des coups de fils d'électeurssympathisants qui en sont à annoncer que pour les prochaines élections, ilsvoteront Front national" , explique Jonathan Munoz pour qui unremaniement avant le mois de mars serait l'une des solutions.Iln'est pas le seul au sein de sa fédération départementale, et parmi d'autres àpenser que changer le premier ministre serait les militants inquiets unepossibilité pour éviter la déroute. En majorité, ils suggèrent Martine Aubry ou Manuel Valls.