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Mariage pour tous : quand pro et anti se rencontrent

Sans surprise, l'Assemblée nationale devrait adopter ce mardi le projet de loi sur le mariage pour tous. Ce vote intervient deux jours après les manifestations des opposants et des partisans du texte. Le contexte est toujours très passionné. Sébastien Baer a invité un militant d'Act-Up et un participant à la Manif pour tous à se rencontrer et à dialoguer.
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Ces deux militants n'auraient jamais dû se croiser tant leurs convictions sont différentes. Alors, nous avons organisé la rencontre, dans un café parisien. Dimanche, Louis, 26 ans, enseignant en histoire, était dans le cortège de la manifestation contre le mariage pour tous. Au même moment, Aurélien, 35 ans, photographe et militant d'Act-up, manifestait pour le mariage homo.

"Des familles uniquement fondées d'un homme ou d'une femme, ou de deux hommes, ou de deux femmes, on en a déjà plein l'annuaire " explique Aurélien. "Ces personnes-là ne demandent qu'à pouvoir s'appeler légalement 'famille' ". Les deux militants ne sont pas d'accord. "Le mariage, c'est un homme et une femme, en vue d'avoir un enfant. C'est le sens premier du mariage " rétorque Louis.

Manifestations mouvementées

Les manifestations ont souvent été émaillées d'incidents. Les deux militants regrettent les violences et condamnent les débordements. Alors que Louis rejette toute responsabilité des militants de la manif pour tous, Aurélien dénonce un climat d'homophobie grandissante, dans les rangs - justement - des opposants au mariage gay. "Quand on appelle au sang, le sang arrive. Quand on appelle à la guerre civile, il y a des violences. Tout ça nous blesse et nous attriste " regrette Aurélien. "Que vous trouviez des illuminés en queue de cortège, c'est une chose. Mais dans la manif pour tous, il n'y a rien de cette nature. D'ailleurs, la violence verbale est présente dans l'autre camp également " affirme Louis.

Aurélien regrette les dérapages de certains députés et sénateurs, qui - dit-il - appellent à la guerre civile dans leurs slogans. Il note aussi une recrudescence des actes homophobes.

Adoption par les couples homosexuels

Comme de nombreux opposants au mariage gay, Louis n'est pas favorable à l'adoption par les couples du même sexe. "Je pense que l'enfant doit avoir un référent paternel et maternel dans sa cellule familiale. J'ai beaucoup d'amis à qui il a manqué un père ou une mère, pour eux c'est une souffrance ".

"Pour un enfant, ce qui est normal c'est ce qui se passe à la maison " répond Aurélien qui ajoute "il y a une éducation à faire pour dire qu'un couple homosexuel c'est normal et qu'il a le droit de se marier et d'avoir des enfants. Plus personne ne se moque des enfants de divorcés. Ce sera bientôt la même chose pour les enfants de couples homosexuels ".

Texte de loi

Sauf grosse surprise, le projet de loi sur le mariage pour tous sera voté aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Pour Aurélien, militant d'Act-up, c'est une satisfaction, évidemment. C'est pour défendre cette cause que le jeune homme est descendu régulièrement dans la rue, ces dernières semaines. Mais il estime quand-même que ce succès a un goût amer. "On fera en sorte que ce soit un moment de fête, mais il ne faut pas crier victoire trop tôt " avertit le militant qui craint la mobilisation future des manifestants opposés au texte.

A l'inverse, pour Louis et tous les militants anti-mariage pour tous, ce vote ne va pas marquer la fin du mouvement de contestation. "Un recours est prêt pour le conseil constitutionnel et nous allons poursuivre notre mouvement " prévient le jeune homme. Pro et anti-mariages gay ne désarment pas. Dès la fin d'après-midi aujourd'hui, ils vont manifester à nouveau, dans plusieurs villes de France. Des rassemblements prévus à partir de 17h, au moment où la loi devrait être votée. Avant une autre grande manifestation, le 26 mai.

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