Les lycées professionnels se rebiffent
Le lycée Auguste Perret et le lycée Baudelaire sont deux
lycées professionnels peu visibles, au bout d'une impasse, dans un quartier
assez calme d'Évry. Mais depuis plus d'un mois, ils sont particulièrement
mobilisés contre les suppressions de postes. Les enseignants se relaient chaque
jour pour occuper leur lycée, ils ont signé une pétition contre les 10
suppressions de postes à Auguste Perret, 11 en deux ans à Baudelaire, et les
élèves tentent d'organiser un blocus devant les grilles, à quelques mètres des
voitures de police qui contrôlent la situation. "Aujourd'hui notre classe est un
peu agitée mais les profs arrivent à nous centrer , confie Mehdi, en bac pro de
maçonnerie, imaginez 24 élèves comme nous, ce sera la jungle ",
ajoute-t-il.
"On prend le plus à ceux qui ont le moins" - un enseignant
De leur côté, les enseignants ont organisé une marche funèbre
dans les rues d'Evry la semaine dernière. Dans l'Essonne, la moitié des lycées
professionnels sont mobilisés. "On est dans une situation où on prend le plus à
ceux qui ont le moins ", regrette Frédéric Moreau, enseignant à Auguste Perret et
secrétaire académique adjoint de la CGT Educ'Action dans l'académie de
Versailles, "car nos élèves viennent des Tarterêts ou de la Grande borne, ils
ont besoin de plus ", explique-t-il.
Plusieurs raisons expliquent ces suppressions de postes. D'abord, les
lycées professionnels n'échappent pas aux mesures d'économie dans la fonction
publique et puis les effectifs diminuent dans les lycées professionnels. En
tout, il devrait y avoir 35.000 élèves de moins dans ces lycées à la rentrée en
France.
Une année de formation en
moins
A Auguste Perret, il y aura 50 élèves de moins sur 440, mais pour les
syndicats cela ne justifie pas 10 postes en moins. Et surtout, pour les
syndicats, c'est la réforme de l'enseignement professionnel qui est en cause.
Depuis la rentrée 2009, le bac pro se passe en trois ans au lieu de quatre.
Pour le ministère le but était
de revaloriser cette filière, mais en réalité c'est tout le contraire qui s'est
produit d'après les enseignants, car les élèves les moins bons décrochent, et le
BEP, le brevet d'enseignement professionnel, n'existe plus pour les élèves qui
ne vont pas jusqu'au bac pro. Le BEP a été remplacé par un passeport
professionnel.
Des décrochages en hausse
Dans l'académie de Créteil
par exemple, le syndicat Snuep qui dépend de la FSU a constaté que le taux de
décrochage en fin de première année est passé de 10 à 15% entre 2009 et 2011.
Face à cela, les syndicats demandent le rétablissement des postes. Ils sont
soutenus par l'association des régions de France. Localement, les enseignants
des lycées d'Évry sont soutenus par les élus de gauche et du Modem. Pour eux,
ces mesures d'économie à court terme sont suicidaires pour ces quartiers en
difficulté où le chômage des jeunes atteint 30%. Le lycée professionnel est
souvent la dernière structure où les plus jeunes sont encadrés.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.