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Les CDD de plus en plus nombreux dans les entreprises françaises : témoignages

France Info a tendu son micro à des jeunes qui enchaînent les emplois précaires. Aujourd'hui en France, trois quarts des embauches se font en CDD, pas en CDI. Le gouvernement cherche à limiter le recours à ces contrats à durée déterminée. Le sujet sera au centre des négociations qui débutent aujourd'hui entre les syndicats et le patronat.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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En France, les CDD
de très courte durée sont de plus en plus répandus
. Benoît, qui va sur ses
vingt-cinq ans, en est à quatre contrats dans des entreprises différentes.
Aucun d'eux n'est allé au-delà de deux mois. Et ce qui frustre encore plus le
jeune homme, c'est qu'il n'a pas trouvé d'emploi correspondant à son niveau
d'études : "J'ai un diplôme de responsable en marketing et
management d'équipe. Et j'ai été livreur de pizzas, vendeur dans un magasin de
sport. Encore aujourd'hui je suis serveur dans la restauration. Je ne vis pas,
je survis sur Paris avec 500 euros par mois."

Benoît doit donc
toujours solliciter l'aide de ses parents.* Et bien sûr il se demande
pourquoi il ne parvient toujours pas à s'en sortir. Il avance son explication :
"Certaines entreprises ne respectent pas la loi. Elles nous font
cumuler CDD sur CDD. Dans le magasin de sport où j'étais, tous les responsables
étaient en CDI, et tous les vendeurs en CDD, quasiment. Le responsable m'a dit
que mon travail était excellent, mais qu'il ne voulait pas me garder. Cela me
fait doucement rigoler."*

Benoît est allé
demander de l'aide à l'AFIJ, l'Association pour faciliter l'insertion des
jeunes diplômés. Elisa, 23 ans, bénéficie aussi des services de cet organisme.
Elle a une licence en communication et totalise huit CDD en seulement deux ans
de vie professionnelle : "Certaines entreprises ont joué franc-jeu
avec moi et je les en remercie. Je savais que je n'allais pas rester après mon
CDD, je m'étais préparée psychologiquement. Mais d'autres sociétés ne sont pas
honnêtes et nous font miroiter des CDI qui ne se concrétisent pas. A chaque
fois, on se sent dévasté, comme une gifle en pleine figure. On se demande ce
que l'on a mal fait et pourquoi on n'a pas été gardé."

Il existe aussi des
expériences plus positives. Les CDD se transforment parfois en CDI. Sonia,
vingt-cinq ans, a aussi enchaîné plusieurs contrats, mais ses efforts ont été
récompensés. Elle vient d'être engagée en contrat à durée indéterminée dans une
agence de communication : "Le CDD, je l'ai vu comme un tremplin,
pas comme quelque chose de précaire et de désespéré. C'était un test.
Evidemment, ce n'est ni facile, ni marrant. Mais il faut garder à l'esprit que
tout n'est pas perdu et que les entreprises ont quand même besoin de nous, les
jeunes diplômés. Bien sûr, nous sommes beaucoup. A nous de prouver que nous
sommes celui ou celle qu'il faut. Cela se joue toujours sur un petit quelque chose
qui fait qu'à un moment, on est préféré à quelqu'un d'autre. Ce qui a fait la
différence, c'est que j'ai répondu favorablement quand mon patron m'a demandé
d'effectuer une tâche qui n'était pas dans mes compétences. J'ai dit que je
pouvais le faire et je pense que cela a déclenché mon CDI."

Limiter, voire sanctionner, le recours abusif aux CDD  

Le CDD s'apparente
donc parfois à une sorte de période d'essai. Le ministère du travail veut plus
encadrer les contrats à durée déterminée. Et il est même favorable à des
sanctions pour les entreprises qui emploieraient trop de CDD. Au-delà d'un
certain pourcentage dans leurs effectifs, les entreprises se verraient imposer
un malus, sous forme de cotisations supplémentaires à verser à
l'assurance-chômage.
La plupart des syndicats soutiennent l'idée, tout comme
Jean-Baptiste Prévost, l'ancien président de l'organisation étudiante UNEF,
aujourd'hui membre du Conseil économique, social et environnemental : " Il
faut que les entreprises payent plus en fonction du risque qu'elles font courir
à la collectivité. Lorsque les CDD s'achèvent, l'assurance-chômage doit
indemniser les personnes qui se retrouvent sans emploi. Cela a un coût. Il n'y
a pas de raison qu'il ne soit pas assumé en partie par les entreprises qui ont
plus recours que les autres aux CDD. "

"On a besoin de ces emplois précaires"

Mais les
représentants patronaux s'opposent très fermement à cette idée.* Geneviève
Roy, de la confédération générale des PME, estime qu'en période de crise, les
entreprises ont plus que jamais besoin de souplesse :
" En ce
moment l'activité est réduite, nous avons beaucoup de mal à remplir nos carnets
de commande. Notre visibilité à long terme ne nous permet pas d'être certains
de pouvoir financer un emploi en CDI. Il faut vraiment se demander pourquoi un
chef d'entreprise va embaucher un CDD plutôt qu'un CDI, c'est parce qu'une fois
que vous avez signé un contrat, il est très difficile de revenir en arrière. On
a besoin de ces emplois précaires, c'est un recours normal pour l'exploitation
d'une entreprise. "**
*

Les contrats à
durée déterminée représentent donc les trois quarts des embauches aujourd'hui.
Mais attention ! Il s'agit uniquement des recrutements. Si l'on regarde
les postes qui sont déjà pourvus, le CDI n'a pas dit son dernier mot. Il reste
ultra-majoritaire, avec plus de 80 % des emplois en France qui sont à durée
indéterminée.

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