Le sujet a toujours passionné les foules de l'autre côté dumur d'Hadrien, frontière avec l'Angleterre. Mais l'indépendance de l'Écosse estvraiment au cœur du débat politique depuis que le SNP, le parti nationalistedirigé par Alex Salmond, a remporté l'an dernier à la surprise générale lamajorité absolue au Parlement régional.Dès lors, un référendum ne faisait plus de doute. Pour lemoment toutefois, l'écrasante victoire électorale des indépendantistes ne sereflète pas dans les sondages d'opinion. Le "oui" ne dépasse pas 40%des intentions de vote.Faire campagne pour sauver le Royaume-UniDans les rues d'Edimbourg, une majorité de personnespartagent l'opinion de Margaret Scott, une électrice du parti conservateur. "Nousdevrions tous coopérer et utiliser nos ressources au sein du Royaume-Uni ,dit-elle. Ce débat a été provoqué par une minorité. La presse raconte que leSNP est le parti du peuple, mais c'est faux. Et moi ça ne pose pas de problèmed'être à la fois Britannique et Écossaise."Le SNP, classé à gauche, part donc de loin. Il estisolé face aux trois grands partis du pays, conservateurs, travaillistes etlibéraux-démocrates, qui ont décidé de faire campagne ensemble pour sauver leRoyaume-Uni.Dans l'histoire des îles britanniques, les Écossais ontsouvent défié Londres. Ils célébreront d'ailleurs en 2014, date du référendum,le 700ème anniversaire de la bataille de Bannockburn, quand RobertBruce a maté les troupes de l'envahisseur anglais. De quoi galvaniser lepatriotisme scottish .L'union fait elle la force ?Mais le principal argument du SNP est de nature économique.Pour Alvyn Smith, député européen du SNP, une Écosse indépendante serait plusriche : "Nous avons du pétrole et du gaz , dit-il, maisaussi des énergies renouvelables. Notre agriculture et notre industrie sontperformantes, donc c'est un moment idéal pour prendre notre indépendance, c'estune opportunité historique."Les indépendantistes ont pour modèle la Norvège, un petitpays riche en pétrole au PIB élevé. Christian Albuisson est Français, Écossaisd'adoption, au point d'avoir pris une carte du SNP : "Si ce paysavait pu exploiter seul ses ressources, il aurait pu mener une politiquesociale plus soutenue qui aurait résolu beaucoup de problèmes." Les adversaires de l'indépendance estiment au contraire quel'union fait la force. Ils citent l'exemple de la Royal Bank of Scotland renflouéepar le Trésor britannique au moment de la crise bancaire.L'économie, clé du scrutinPour Paddy Bort, qui dirige l'Institut de la Gouvernance àl'Université d'Édimbourg, l'économie sera en tout cas la clé du scrutin : "Sile SNP convainc les Écossais que l'indépendance les rendra plus riches, ceux-cipourraient finir par voter oui. Maiss'ils n'y arrivent pas, il est très probable que le non l'emporte."En apparence, les chances des indépendantistes semblentminces. Mais en Écosse, les conservateurs,actuellement au pouvoir à Londres, recueillent très peu de suffrages. Et lapolitique d'austérité est de plus en plus impopulaire. Ce qui pourrait jouer enfaveur des nationalistes.Graham Thomson, un chauffeur de taxi d'Édimbourg quivote habituellement travailliste, a récemment changé d'avis : "Vousm'auriez posé la question il y a six mois, j'étais partagé mais maintenant j'aifranchi le pas et je pense que l'indépendance est une bonne chose. En cettepériode d'austérité et d'agitation politique, je pense que les Ecossais veulentrevenir à des valeurs plus familières. C'est à nous et à nous seuls de prendreles décisions."Autre atout dans la main des indépendantistes : Londresa accepté que les 16-17 ans puissent voter lors de ce référendum et le SNP estconvaincu que les jeunes sont plus favorables à l'indépendance. En 2014, aprèsdeux ans de campagne, le scrutin pourrait donc être beaucoup plus indécisqu'aujourd'hui.