La Crimée occupée devrait voter son rattachement à la Russie
La Crimée est la seule
région d'Ukraine où les Russes sont majoritaires (plus de 60 % des Ukrainiens sont
d'origine russe) et, pour eux, il ne fait aucun doute qu'il faut retourner dans
le giron de Moscou. Ils seront donc nombreux à répondre "oui" à la
question : "Approuvez-vous la réunification de la Crimée avec la
Russie ?"
Vladimir, par exemple, a beau
être un retraité de l'armée ukrainienne, des forces spéciales, il a beau être
né ici à Simféropol, avoir toujours travaillé ici et vouloir mourir dans sa
ville, il va voter pour être rattaché à la Russie, comme d'ailleurs toute sa famille
et ses amis.
Pragmatique, il explique qu'il a 49 ans et que sa retraite de militaire ukrainien est
aujourd'hui de l'équivalent de 190 euros, alors qu'en Russie avec son grade, il
toucherait au moins 600 euros.
Les Tatars ne veulent pas être rattachés à la Russie
Mais d'autres, en revanche veulent rester ukrainiens et répondront donc
"oui" à l'autre
question du référendum: "Approuvez-vous la restauration de la
Constitution de Crimée de 1992, et le statut de la Crimée comme faisant partie de l'Ukraine".
Parmi eux, il y a les Tatars,
la communauté de tradition musulmane qui représente entre 12 et 15% de la
population de la péninsule, qui est présente en Crimée depuis le 13è siècle
mais qui a connu des années noires.
Ava, une femme de 70 ans, a
une histoire qui résume à elle seule celle de tous les Tatars : elle est
née en 1943 à Yalta et elle n'avait même pas un an lorsque sa mère a été
déportée par Staline, alors que son père, lui, combattait aux côtés de l'Armée
Rouge.
Ava et sa famille sont restés
jusqu'en 1956 dans un camp, faute d'argent, avant de s'installer en
Ouzbékistan. Ils n'ont pu revenir définitivement ici à Simféropol qu'au moment
de la chute de l'Union Soviétique, en 1991.
Alors évidemment, non
seulement Ava ne va pas aller aux urnes dimanche, elle "ignore" le
référendum qu'elle considère comme illégal, comme les 350 000 Tatars de
Crimée. Mais en plus, elle redoute les conséquences d'un résultat couru d'avance.
La tentation de l'exil
Ava dit qu'elle ne dort plus
que deux heures par nuit, depuis l'arrivée des soldats russes en Crimée. Qu'elle
sort peu et qu'elle passe son temps devant la télé, même si désormais elle n'a
plus accès qu'aux chaînes russes.
Ils sont de plus en plus
nombreux à envisager l'exil. Ainsi, la petite fille d'Ava, Adil, ne pense qu'à
ça : quitter la Crimée. Professeur d'anglais elle dit haut et fort ce qu'elle pense, dans
la rue par exemple on l'a vu rétorquer très fermement "niet !" à
un milicien qui lui tendait un drapeau russe. Son crédo est simple :
elle veut une vie meilleure et ne pas être sous la coupe de Moscou.
Des points de vue publics
comme le sien, il y en a peu ici. Personne ne fait
officiellement campagne pour le "non" au rattachement à Moscou. Et au
bord des routes, les pancartes disent toutes la même chose : "Le 16 mars
nous choisissons la Russie."
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