Donetsk, partagée entre Russie et Ukraine
Le climat de
guerre civile qui secoue une douzaine de villes en partie ou totalement contrôlées
par les séparatistes pro-russes compromet sérieusement l'organisation du référendum
consacré au rattachement à la Russie de la région de Donbass à l'est de
l'Ukraine. Une question qui intervient deux mois après le scrutin identique en
Crimée.
A Donetsk, ville
d'un million d'habitants et capitale de la région de Donbass, le maire désigné
par les autorités de Kiev conserve son titre et son fauteuil à l'Hôtel de ville
mais n'a plus aucun pouvoir en réalité. Alexandre Loukanchenko – élu depuis
2002 – ne vient d'ailleurs plus guère au bureau. Sans doute une question de fierté.
Pas facile, en effet, de passer chaque matin devant un groupe de miliciens pro-russes
cagoulés et armés qui filtrent les allées et venues des élus et employés
municipaux
C'est donc son directeur de cabinet, Maxime Rovinsky,
qui tient la barre. Cet homme blond et robuste vit très mal la domination des
insurgés et le chaos dans le lequel a sombré l'est du pays le mine.
Un nouvel homme fort à Donetsk
Et si Maxime
Rovinsky apparaît comme un homme au bout du rouleau, cette posture tranche avec
la confiance insolente du nouvel homme fort de Donetsk. Cet homme fort s'appelle
Denis Ouchiline et a 32 ans. Après des études d'ingénieur, il a connu une
ascension fulgurante en politique. Son parcours professionnel a des allures de
montagnes russes : vigile de sécurité, employé dans une agence de publicité,
croupier dans un casino. Il a ensuite décroché le jackpot : le voilà aujourd'hui
président autoproclamé de la République du Donbass.
Lors du
referendum du 11 mai – s'il est effectivement organisé – la population doit
dire si elle reconnaît la souveraineté de la République du Donbass. Et si la réponse
est oui, les employés de la mairie et le gouverneur restés fidèles à Kiev
peuvent faire leurs valises.
Et à quelques
jours de ce référendum, la tension qui règne dans cette ville est visible. Les
commandos de miliciens masqués munis de mitraillettes et de talkie-walkie font
la loi. Mais malgré cette présence inquiétante dans les rues ; malgré les
barricades et les immeubles vandalisés la population tente de poursuivre une
vie normale
La première banque du pays ferme ses portes
Et on ne peut pas
véritablement parler de guerre civile. Donetsk n'a pas de blindés a ses portes
ni d'affrontements à l'arme lourde dans ses faubourgs. Mais face à l'insécurité
grandissante la première banque du pays la Privat Bank a fermé sans préavis ses
63 agences lundi.
Le crédit de l'appartement, la
pension de retraite, les courses au supermarché. Beaucoup ici refusent de voir
la vérité en face et se raccrochent à un quotidien rassurant du passé... Quand l'Ukraine
était unie et n'avait pas à choisir son avenir sur une boussole entre deux points
cardinaux l'Union européenne et la Russie.
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