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Apprentis djihadistes : ces enfants qui nous échappent

La France est confrontée au départ de dizaines de jeunes en Syrie aux côtés des djihadistes. Malgré l'ampleur du phénomène, leurs parents restent isolés, peu d'acteurs dans la société se sont emparés du problème. Seules quelques associations et municipalités tentent de réagir. Etienne Monin les a rencontrées à Nice.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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C'est
un phénomène de masse mais les pouvoirs publics semblent ne pas s'en être pour
l'instant emparés. Chaque année, des dizaines de jeunes Français partent faire
le djihad en Syrie
. Ils seraient actuellement entre 200 et 700 sur le territoire syrien. La gestion du problème est avant tout
policière. Dans les quartiers concernés, les pouvoir publics et les familles
semblent tétanisés. Seules quelques associations et municipalité tentent de
réagir, comme dans un des quartiers est de Nice.

Michelle
est l'une de ces mamans désemparées. Elle habite derrière des volets clos. Elle
a les yeux cernés par l'inquiétude et les nuits courtes depuis que son fils
Frédéric est parti pour la Syrie. C'était le 26 décembre dernier. Le garçon a
fait croire qu'il allait dormir chez un copain mais est en fait parti avec deux
autres amis pour la Syrie.

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Frédéric
a quitté la France quatre jours après ses 18 ans. Aujourd'hui il se fait
appeler Abu Issa. Sa mère a eu trois contacts avec lui. Elle ne
sait ni où il est, ni dans quel groupe il a été intégré. "C'est
abominable ce qui m'arrive
", confie Michelle, "il est parti et je n'ai
rien vu venir. Pour moi, je l'ai perdu
".

"Tous
les jours je me demande si il est encore là, s'il est mort, s'il mange, s'il
dort" (Michelle, mère de Frédéric)

S'enfermer
ou parler

Souvent
les familles se tournent vers la police quand elles découvrent le départ. Mais
pour autant elles ne créent pas de solidarité entre elles. Chacune reste murée
dans sa détresse. Certaines sont même bâillonnées par leur propre enfant qui
fait du chantage, en menaçant de rompre le lien ou de se porter candidat pour
une opération suicide.

Michelle,
elle, s'est ouverte sur l'extérieur. Elle a parlé du départ de son fils aux
dirigeants du club de foot dans lequel il jouait. Ils ont alors réalisé que
quatre de leurs anciens joueurs avaient disparu. "Il est temps de se
poser les vraies questions : 'Qu'est-ce qu'ils ont ? Qu'est-ce qui
leur manque à ces gamins'
", dit Marc.

Aujourd'hui,
seuls les services de renseignements ont une vision précise de la situation. Ce
qu'on sait en parlant avec les familles, c'est qu'au moins dix garçons du quartier
de Nice-est sont partis depuis le mois de septembre. Les départs se font par
groupe de trois ou quatre. L'un des jeunes a 16 ans. 

Un
seul est revenu, incarcéré depuis à la prison de Fleury-Merogis. Les parents
ont le sentiment d'être confrontés à un phénomène sectaire. Les dirigeants du
club de foot veulent donc provoquer un débat. Pour les parents, le temps joue
contre eux. La semaine dernière, Michelle a appris que son fils pourrait partir
pour Homs, l'une des lignes de front.

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