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Alerte à la pénurie d'ophtalmos

Près de six Français sur 10 ont déjà renoncé à voir un spécialiste à cause des délais trop longs pour obtenir un rendez-vous. C'est le résultat d'un sondage Ifop. Spécialité médicale où la pénurie se fait ressentir le plus durement: l'ophtalmologie. Dans certains départements, l'attente atteint parfois six mois ou un an.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Franceinfo (Franceinfo)

En Haute-Marne, pas de rendez-vous avant
mars 2012 ; en Ardèche, aucun créneau avant plusieurs mois également. Situation
identique dans le Cher. Dans ces départements, on compte en moyenne un ophtalmo
pour 26.000 habitants. C'est huit fois moins qu'à Paris où l'on recense un
praticien pour 3.000 habitants.

C'est pour cette raison que de nombreux patients
font le voyage jusqu'à Paris pour consulter, comme Frédéric Pommet, 40 ans,
ingénieur à Sarreguemines en Moselle. "C'est beaucoup plus facile
d'obtenir un rendez-vous à Paris et d'obtenir une ordonnance pour des nouvelles
lunettes. Ce qui n'était pas le cas à Sarreguemines où le délai d'attente
dépasse les 6 mois. Je fais l'aller-retour dans la journée. Cela me coûte un
billet de train mais l'investissement est vite rentabilisé
".

Ce
genre de témoignage n'est pas rare. Qu'ils soient du Gers, de l'Indre et Loire
ou des Ardennes, des patients viennent régulièrement à Paris. "Ce sont des
gens qui essaient d'avoir des rendez-vous, sans succès. Ils me téléphonent, me
disent qu'ils ont eu mon nom par Untel ou Untel. Ils prennent le train, ils
arrivent, je les vois et ils repartent
" explique cet ophtalmologiste
installé à proximité de la gare Montparnasse. Selon un sondage Ifop, il faut
en moyenne 103 jours pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste. 

 

 

 

Solutions ?

Le numerus clausus a été augmenté ces dernières
années mais étant donné la durée nécessaire pour former un ophtalmo -10/12 ans -
il va falloir attendre un peu pour que cette augmentation du nombre d'étudiants porte ses fruits...

Autre solution : contraindre les ophtalmos à s'installer dans les zones où les
besoins sont les plus importants, mais ce n'est pas à l'ordre du jour. Ce que
préconise le ministre de la santé Xavier
Bertrand, c'est le recours à des orthoptistes et à des opticiens pour décharger
les cabinets des ophtalmologistes. "L'idée de dire que les orthoptistes
ont été autorisés à faire de la réfraction et de permettre aux opticiens de
faire des prescriptions de lunettes si elles datent de moins de 3 ans, cela permet
de raccourcir les délais
", explique Xavier Bertrand. Dans un futur proche,
la pénurie de praticiens va se faire sentir davantage encore. Près de la
moitié des ophtalmos ont plus de 55 ans. Certains vont partir en retraite
sans être remplacés. Ces 10 prochaines années, 1.500 postes d'ophtalmos
seront perdus.

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