Cet article date de plus de deux ans.

De la campagne présidentielle en France jusqu'à la guerre en Ukraine, que cache le mot "souveraineté" ?

On entend beaucoup ce mot, "souveraineté", dans la campagne présidentielle, souveraineté au niveau de la France ou de l'Europe. Le décryptage de Raphaël Ebenstein.  

Article rédigé par franceinfo, Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 95 min
Des scientifiques testent des batteries de voiture au lithium. La France veut créer un "Airbus de la batterie" pour ne plus avoir à importer des batteries d'Asie pour ses voitures électriques. (Illustration) (MONTY RAKUSEN / IMAGE SOURCE / GETTY IMAGES)

Après l'invasion de l'armée russe en Ukraine depuis le 24 février, et surtout, depuis le début de la pandémie de Covid-19, le mot "souveraineté" revient souvent, en France et en Europe, avec ses conséquences sur les cours mondiaux de l'énergie ou des céréales. Emmanuel Macron a lui même employé ce terme à 11 reprises, le 26 février dernier, lors de l'inauguration du Salon de l'agriculture.

franceinfo : Que signifie ce terme de souveraineté concrètement ?

Raphaël Ebenstein : En matière agricole, où la France et même l'Europe semblent pourtant globalement autosuffisantes, cela ne peut malgré tout passer que par un accroissement de la production de certaines céréales.

L'UE a ainsi importé pour 10 milliards d'euros, l'an passé, de produits agricoles et agroalimentaires, en provenance de Russie et d'Ukraine. Dont des tourteaux de soja ou de tournesol, destinés à nourrir le bétail. Les porcs en sont particulièrement friands. Mais aussi du maïs. L'UE en est en effet importatrice, malgré l'importante production française.

D'où l'idée, évoquée cette semaine par les ministres de l'Agriculture européens, d'une possible utilisation de terres aujourd'hui en jachère, pour y cultiver précisément des céréales.

Autre domaine dans lequel il est question de souveraineté : l'énergie. Quelles sont les pistes pour être moins dépendant du gaz russe ?

Là encore, les situations de la France et de l'UE apparaissent un peu différentes. La France en est moins dépendante. Tout le monde s'accorde sur un développement des énergies renouvelables, solaire ou éolien. Mais Emmanuel Macron plaide aussi auprès de ses partenaires en faveur du nucléaire. Message d'ailleurs relayé par le commissaire européen, Thierry Breton, qui juge nécessaire un investissement de 500 milliards d'euros, à horizon 2050 à l'échelle de l'Europe, pour construire de nouvelles centrales !

Si on se limite à la France, le chef de l'État a lui-même annoncé le mois dernier le lancement de la construction de six réacteurs EPR à horizon 2035, et d'une quinzaine au total, d'ici 2050.

Mais la recherche de souveraineté concerne aussi l'industrie, notamment l'automobile ?

Oui, surtout à l'heure de la révolution qui attend le secteur, avec la fin programmée, à terme, des voitures à moteur thermique, remplacées par des modèles électriques, dont une part importante du coût de production est constituée par les batteries aujourd'hui importées d'Asie dans plus de 80% des cas !

D'où l'annonce faite dès 2019 de créer un "Airbus de la batterie", une sorte de consortium européen, avec la construction de giga factory, des méga-usines pour en fabriquer. La France vise à elle seule un objectif de deux millions de voitures électriques ou hybrides produites sur son sol en 2030.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.