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Le mot de l'éco. Les tarifs réglementés

Les tarifs réglementés de l'électricité augmentent à partir d'aujourd'hui, 1er juin, de 5,9%. Pourquoi et comment sont-ils calculés ? Les précisions de Grégoire Lecalot.

Article rédigé par franceinfo, Grégoire Lecalot
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Les tarifs réglementés de l'électricité vont progresser de 5,9% en moyenne, le 1er juin 2019.  (ALAIN JOCARD / AFP)

Les tarifs réglementés de l'électricité, dont le fameux tarif bleu d'EDF augmentent donc à partir d'aujourd'hui, samedi 1er juin 2019, de 5,9%. 28 millions de foyers et de petits professionnels sont directement concernés. Le mode de calcul de ces tarifs réglementés est la cible d'attaques en règle, jusqu’au ministre de la transition écologique, François de Rugy.

franceinfo : Comment est réalisé le mode de calcul de ces tarifs réglementés ?

Grégoire Lecalot : C'est la Commission de régulation de l'énergie, la CRE, une autorité administrative indépendante, qui s'y colle. Elle s'appuie pour cela sur deux grands mantras : Le premier - c'est une obligation légale - pourrait être formulé comme ceci : "Les coûts de production d'électricité supportés par EDF, couvrir tu devras".

Le montant des factures doit permettre à l'électricien public, quasi seul producteur d'assurer ses coûts. Et ils sont de plus en plus élevés. Outre une dette de 33 milliards d'euros, EDF a devant elle un mur d'investissements de 100 milliards pour assurer le fonctionnement des centrales nucléaires, tout en développant les nouvelles centrales EPR, qui tournent au gouffre financier.

Second mantra : "Assurer le fonctionnement d'un marché ouvert à la concurrence, tu devras". Dans son calcul, la CRE intègre donc les besoins des concurrents d'EDF. Ils ont deux sources d'approvisionnement. Le premier, c'est le marché de gros. Depuis un peu plus d'un an, l'électricité ne cesse d'augmenter pour s'établir à 64 euros le Kwh fin 2018, selon la CRE. Ils se tournent donc vers la seconde source. Et c'est EDF qui la détient. Il s'agit d'un dispositif appelé Arenh qui date de 2010.

En gros, pour permettre aux concurrents d'exister face à EDF, le législateur leur a accordé un droit de tirage sur les 58 centrales nucléaires dites historiques. Un quart de la production, soit 100 Twh, leur est réservée. Ils payent 42 euros du Kwh. C'est donc plus intéressant que le marché de gros. Mais comme les fournisseurs indépendants sont de plus en plus nombreux - ils sont passés de 8 à 31 - et que ce droit de tirage est plafonné, leurs parts de gâteau sont plus petites.

Que font les opérateurs indépendants pour conserver leurs marges ?

Ils se tournent vers la CRE. Comme la plupart de leurs offres sont indexées sur les tarifs réglementés de l'électricité, ils appellent de leurs voeux une augmentation des tarifs. La CRE intègre ce paramètre dans son calcul pour le bon fonctionnement du marché ouvert, ce qui donne cette augmentation de 5,9%.

En mars dernier, l'autorité de la concurrence a dénoncé ce système, notant que 40% de la hausse ne provient pas de la couverture des coûts d'EDF. Elle a été rejointe par le médiateur de l'Énergie, les deux principales associations de consommateurs, et donc par le ministre de la transition écologique qui n'a pas donné de précisions sur le nouveau calcul qu'il envisage.

François de Rugy devra le faire passer au parlement avant le 1er août, sans quoi, nous devrons subir une seconde augmentation, moins importante toutefois. En quelque sorte une pénalité de retard à cause de la décision du gouvernement de reporter l'application de l'augmentation initiale.

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