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Ukraine : le difficile travail des ONG en temps de guerre

Une polémique a éclaté autour du dernier rapport de l’ONG Amnesty International. Leur enquête pointe du doigt les méthodes de l’armée ukrainienne. L’organisation lui reproche notamment de mettre en danger les populations civiles. Amnesty a émis des "regrets". Service minimum.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Sébastien Soldaini
Radio France
Publié
Temps de lecture : 303 min
La responsable d'Amnesty International, Oksana Pokalchuk, ici le 6 mai 2022, a été contrainte à la démission. (DOGUKAN KESKINKILIC / ANADOLU AGENCY via AFP)

Amnesty International s'est contenté du service minimum : c’est un simple communiqué qui exprime les regrets de l’ONG, gênée aux entournures après la démission de sa représentante en Ukraine et après les critiques formulées par Kiev. Les responsables ne font pas non plus de prise de parole, peut-être parce qu’Amnesty International choisit dans le même temps de maintenir les conclusions de son rapport. Il est difficile de se montrer devant les caméras du monde entier lorsqu’on est tiraillé de la sorte.

Mais il y a bien une tentative de justification derrière ce communiqué : "Amnesty International ne tient pas les forces ukrainiennes pour responsables des violations commises par les forces russes." Il fallait déminer les accusations formulées durant tout le week-end. Celles qui sous-entendent qu’Amnesty fait le jeu de Moscou.

Amnesty épingle très régulièrement la Russie

C’est même une de ses cibles préférées tant Vladimir Poutine et ses services occultent totalement la notion de droits de l’homme. Les droits de l’Homme, justement, c’est le cœur de métier d’Amnesty, mais cette fois, ils se sont un peu égarés. En pointant du doigt les lieux d’implantations des soldats ukrainiens – des hôpitaux, des écoles, des zones résidentielles, alors que ce sont des villes qu’ils doivent tenir et pas des champs – l’ONG accorde plus d’importance à la critique de la stratégie militaire d’un pays agressé plutôt qu’à la défense des droits de l’Homme.

Difficile impartialité

Il est difficile, peut-être même impossible pour ces organisations de rester impartiales, alors même que c’est leur but. Les violations des droits de l’Homme doivent être dénoncées quel que soit le camp. Mais par définition, une guerre c’est brutal. Tout le monde dépasse les bornes, mais à des degrés divers. Chaque camp a des responsabilités, mais elles ne sont pas équivalentes. C’est l’erreur de ce rapport, en mettant en cause l’Ukraine, il a mis involontairement les deux adversaires sur un pied d’égalité.

Le souci technique, c’est qu’Amnesty international – comme les autres ONG – n’a accès qu’à une partie du terrain. Celui contrôlé par les forces ukrainiennes. Elle n’est pas derrière les lignes russes à contrôler les faits et gestes des milices de Wagner ou des forces séparatistes par exemple. La vision de ses équipes est partielle. Elle a voulu montrer qu’elle était impartiale. C’est sain, mais c’est plus que maladroit.

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