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"Soft power" : derrière la rencontre entre le PSG et Newcastle, le match entre le Qatar et l'Arabie saoudite

PSG contre Newcastle, c'est la rencontre choc de la Ligue des champions de football mardi 28 novembre. Match capital dans la course à la qualification pour les 8e de finale. En toile de fond, un autre match, géopolitique, se joue entre le Qatar et l’Arabie saoudite.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani ( à gauche) et le prince saoudien, Mohamed ben Salmane (à droite), à Riyad, en Arabie saoudite le 11 novembre 2023. (HANDOUT / SAUDI PRESS AGENCY / AFP)

Le Qatar et l'Arabie saoudite sont deux puissances régionales toujours rivales qui misent sur le soft power, et notamment le football, pour gagner en influence sur la scène internationale. Mais l'historique et la méthode ne sont pas les mêmes. Le Qatar est un pionnier, il y a plus de 10 ans qu'il possède le Paris Saint-Germain et qu'il en a fait un outil de communication. La stratégie saoudienne est plus récente et moins ostentatoire. Le fonds souverain du royaume n'a racheté Newcastle qu'en 2021 et il a laissé les clés du club au secteur sportif.


Sauf qu'aujourd'hui l'Arabie saoudite veut copier et même dépasser son voisin. Si le Qatar a terminé 2022 en apothéose avec "sa" Coupe du monde, 2023 est l'année du réveil saoudien. La signature de Cristiano Ronaldo dans le championnat local, l'un des contrats les plus retentissants de l’histoire du football, a ouvert un mercato où l'argent coule autant que le pétrole. Riyad n'impose aucune limite à ses ambitions. Cet été le royaume avait déjà dépensé environ un milliard d'euros pour une trentaine de joueurs. Avec en ligne de mire la consécration du mondial 2034.

Un "sportwashing" assumé

Ce qui lui vaut des critiques de "sportswashing", ou "blanchiment par le sport", d'autant qu'en plus du football, le royaume finance un circuit professionnel de golf, le rallye Dakar, un grand prix de formule 1, il investit dans le catch, la boxe ou encore le tennis.

De quoi attirer les sponsors et surtout faire oublier que l'Arabie saoudite reste dans bien d'autres domaines un pays ultraconservateur et archaïque qui pratique les décapitations collectives de prisonniers, un pays où l’homosexualité est un crime et la liberté d’expression une chimère, un pays coupable de crimes de guerre au Yémen. Et dont le prince héritier, Mohamed ben Salmane (MBS) est selon la CIA responsable de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. MBS avance sans aucun état d'âme. "Peu importe le mot que vous utilisez. Le sportwashing a augmenté mon PIB d’1%... Alors nous allons continuer à faire du sportwashing", déclarait-il fin septembre à la chaîne américaine Fox News.

Il s'agit aussi de préparer l'après-pétrole en diversifiant l'économie saoudienne. Le développement du sport est l'une des pièces maîtresses de son grand plan de modernisation "Vision 2030".

Un succès personnel pour MBS ?

Le match de mardi 28 novembre est un symbole d'autant plus important que c'est aussi un match d'ego qui se joue entre MBS et l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani. À l'aller Newcastle l'avait emporté 4 à 1. Si les Magpies rééditent leur victoire, le leader saoudien en fera aussi un succès personnel. Alors que l'Arabie saoudite espère aujourd'hui même décrocher l'exposition universelle de 2030 face à ses concurrents, Rome (en Italie) et Busan (en Corée du Sud).

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