Relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie Saoudite : la Chine s'impose comme acteur diplomatique dans le Golfe
En froid depuis sept ans, l’Arabie saoudite et l'Iran ont conclu un accord surprise le 10 mars pour normaliser leurs relations. Et c'est à Pékin qu'ils ont signé leur accord. Signe que la Chine est devenu un acteur important au Moyen-Orient.
C'est un très joli coup pour la diplomatie chinoise, qui s'impose là où on ne l'attendait absolument pas. Car longtemps le golfe Persique a été considéré comme la sphère d'influence des Américains. On ne sait pas vraiment quel rôle Pékin a joué dans ces négociations qui ont duré quatre jours, dont personne n'avait révélé l'existence.
Une fois de plus,la diplomatie chinoise illustre parfaitement la stratégie diplomatique de Sun Tzu,vaincre l'ennemi sans combattre!
— Mua Mbuyi (Géopoliticienne) (@MbuyiItela_fmi) March 10, 2023
La Chine réussit un exploit en réconciliant l’Iran et l’Arabie Saoudite,ce qui porte un coup considérable à la politique américaine au Moyen-Orient. pic.twitter.com/MdIEScRnlg
Mais cette opération permet à la Chine d'incarner le rôle de "puissance pacifique et responsable" qu'elle entend jouer sur la scène internationale, c'est donc aussi très bon pour son image.
Téhéran et Pékin se sont rapprochés
Quel est l'intérêt de l'Iran à se tourner vers la Chine ? Des raisons économiques d'abord. C'est la Chine qui achète le pétrole iranien, soumis aux sanctions américaines et européennes. Et puis sur les droits de l'homme, sur leurs positions vis-à-vis de la Russie et de la guerre en Ukraine, Pékin et Téhéran font face aux mêmes pressions occidentales (lundi 13 mars, encore, le Premier ministre chinois a évoqué la "répression" américaine). Les deux pays se sont donc rapprochés sur le plan politique. Il y a un mois, le président Raïssi était à Pékin, première visite d'État d'un président iranien en Chine depuis plus de 20 ans.
L'Arabie saoudite se détache de sa tutelle américaine
Pour l'Arabie saoudite, chaque fois que Riyad se détache un peu plus de la tutelle américaine (le dernier exemple en date, c'est quand le royaume a refusé d'augmenter ses quotas pétroliers comme le souhaitait Washington) les relations sino-saoudiennes elles, se resserrent. Sur le plan diplomatique : quand le prince héritier Mohammed Ben Salman est boycotté par les chancelleries après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, Pékin est le premier à lui dérouler le tapis rouge.
| La normalisation des relations entre l'Arabie Saoudite et l'#Iran, avec la médiation de la #Chine, a perturbé les plans américains pour la région du Moyen-Orient.
— Arab Intelligence - المخابرات العربية (@Arab_Intel) March 11, 2023
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Sur plan économique toujours : la Chine est le premier partenaire commercial de l'Arabie Saoudite, loin devant les États-Unis. Des accords ont aussi été signés pour une usine de fabrication de drones, qui sera la première usine de production chinoise à l'étranger.
Réaction sceptique des États-Unis
Les Etats-Unis réagissent avec prudence et scepticisme. Aucun communiqué en provenance de la Maison Blanche. L'administration Biden est cantonnée au rôle de spectateur. Certains élus républicains ne croient ni au rôle de médiateur impartial de la Chine ni au fait que l'Iran tiendra ses engagements, mais l'évidence s'impose : il y a redistribution des cartes. Les États-Unis ont beau disposer de plusieurs dizaines de milliers de militaires au Moyen-Orient leur influence politique, diplomatique et stratégique est en perte de vitesse.
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