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Relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie Saoudite : la Chine s'impose comme acteur diplomatique dans le Golfe

En froid depuis sept ans, l’Arabie saoudite et l'Iran ont conclu un accord surprise le 10 mars pour normaliser leurs relations. Et c'est à Pékin qu'ils ont signé leur accord. Signe que la Chine est devenu un acteur important au Moyen-Orient.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale d'Iran Ali Shamkhani (à droite). Le directeur du bureau de la Commission centrale des affaires étrangères chinois Wang Yi (au centre) et le ministre d'État Musaad bin Mohammed al-Aiban (à gauche) à Pékin (Chine), le 10 mars 2023. (- / NOURNEWS AGENCY via AFP)

C'est un très joli coup pour la diplomatie chinoise, qui s'impose là où on ne l'attendait absolument pas. Car longtemps le golfe Persique a été considéré comme la sphère d'influence des Américains. On ne sait pas vraiment quel rôle Pékin a joué dans ces négociations qui ont duré quatre jours, dont personne n'avait révélé l'existence.

Mais cette opération permet à la Chine d'incarner le rôle de "puissance pacifique et responsable" qu'elle entend jouer sur la scène internationale, c'est donc aussi très bon pour son image.

Téhéran et Pékin se sont rapprochés

Quel est l'intérêt de l'Iran à se tourner vers la Chine ? Des raisons économiques d'abord. C'est la Chine qui achète le pétrole iranien, soumis aux sanctions américaines et européennes. Et puis sur les droits de l'homme, sur leurs positions vis-à-vis de la Russie et de la guerre en Ukraine, Pékin et Téhéran font face aux mêmes pressions occidentales (lundi 13 mars, encore, le Premier ministre chinois a évoqué la "répression" américaine). Les deux pays se sont donc rapprochés sur le plan politique. Il y a un mois, le président Raïssi était à Pékin, première visite d'État d'un président iranien en Chine depuis plus de 20 ans.

L'Arabie saoudite se détache de sa tutelle américaine

Pour l'Arabie saoudite, chaque fois que Riyad se détache un peu plus de la tutelle américaine (le dernier exemple en date, c'est quand le royaume a refusé d'augmenter ses quotas pétroliers comme le souhaitait Washington) les relations sino-saoudiennes elles, se resserrent. Sur le plan diplomatique : quand le prince héritier Mohammed Ben Salman est boycotté par les chancelleries après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, Pékin est le premier à lui dérouler le tapis rouge.

Sur plan économique toujours : la Chine est le premier partenaire commercial de l'Arabie Saoudite, loin devant les États-Unis. Des accords ont aussi été signés pour une usine de fabrication de drones, qui sera la première usine de production chinoise à l'étranger.

Réaction sceptique des États-Unis

Les Etats-Unis réagissent avec prudence et scepticisme. Aucun communiqué en provenance de la Maison Blanche. L'administration Biden est cantonnée au rôle de spectateur. Certains élus républicains ne croient ni au rôle de médiateur impartial de la Chine ni au fait que l'Iran tiendra ses engagements, mais l'évidence s'impose : il y a redistribution des cartes. Les États-Unis ont beau disposer de plusieurs dizaines de milliers de militaires au Moyen-Orient leur influence politique, diplomatique et stratégique est en perte de vitesse.

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