Pacte "asile et migration" : votée au Parlement européen, la réforme ne satisfait pleinement personne

Les députés européens ont adopté, mercredi, le nouveau pacte migratoire. Une réforme contestée par les ONG, qui la jugent "inhumaine", mais aussi par l’extrême droite, qui la trouve laxiste.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
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Les membres du Parlement européen lors d'une session plénière à Bruxelles, le 10 avril 2024. (JOHN THYS / AFP)

Neuf ans de tractations. Chaque virgule, chaque mot, chaque paragraphe âprement négociés entre les États, la Commission, les eurodéputés. Un compromis entre les socialistes, les libéraux et la droite… Bref, ce texte validé mercredi 10 avril par le Parlement européen, fait penser à ce jeu de société où vous devez empiler des bâtonnets en bois… et la moindre secousse peut faire tomber tout l’édifice. 

Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, salue une décision "historique". Cette réforme comporte deux piliers. Elle met en place un filtrage aux frontières de l'Europe, pour identifier les migrants qui ne relèvent pas du droit d’asile - ou qui ont très peu de chances de l’obtenir ; c’est le cas, par exemple, des ressortissants du Maroc, de la Tunisie ou du Bangladesh. Le nouveau texte prévoit un examen accéléré de ces dossiers, en six mois maximum. Cela, c’est pour le côté “fermeté”. Côté "solidarité", le pacte prévoit que tous les pays européens doivent contribuer à la gestion de l’asile, et plus seulement les pays de première arrivée, comme la Grèce ou l'Italie. Une partie des demandeurs d’asile sera donc répartie dans les 27 pays. Les États qui refusent de prendre leur part, comme la Pologne ou la Hongrie, devront alors payer une amende. 

La perspective des élections européennes 

La hausse des entrées illégales détectées en 2023 par l'agence Frontex est réelle. Elle est de l'ordre de 17%, soit 380 000 au total. Les demandes d’asile sont aussi au plus haut depuis huit ans : 1,14 million de demandes en 2023 dans l’Union européenne. À moins de deux mois des élections européennes, alors que les partis hostiles à l’immigration sont donnés en hausse partout sur le continent, il y avait aussi urgence politique à se mettre d'accord sur un texte.

La Commission européenne voulait démentir toute impuissance sur le sujet, mais cette fermeté affichée va-t-elle couper l’herbe sous le pied aux partis nationalistes, ou au contraire encourager leurs idées ? D’ores et déjà, la droite européenne veut aller plus loin. Elle propose de déléguer la gestion des demandeurs d’asile à d’autres pays, hors d’Europe, à l’image du projet des Britanniques avec le Rwanda. Comme dans le jeu de société, les promesses s'empilent... à huit semaines des élections européennes.

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