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Les Iraniens en colère et coupés du monde

Ce matin nous posons le doigt à Téhéran, en Iran, où des manifestations ont éclaté. 

Article rédigé par franceinfo - Lucas Menget
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Emeute à Isfahan (Iran) à cause d'une hausse du carburant, le 16 novembre 2019. (AFP)

Après l’Irak, le Liban, voici une autre capitale du Moyen-Orient, Téhéran, secouée par des manifestations. Il y a toujours un point de départ à ces vagues de colère, et là, tout a commencé dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, quand le pouvoir a annoncé une multiplication par trois du prix du carburant. Officiellement, pour mieux distribuer de l’argent aux pauvres. En fait, pour répondre à la crise financière que traverse l’Iran, étranglé par le blocus économique imposé par les États-Unis. En quelques heures, les Iraniens sont descendus dans les rues de Téhéran, mais aussi dans au moins 25 villes de province, dont Machhad, Ispahan et Shiraz. Pendant tout le week-end, les manifestations ont grossi, se transformant parfois en émeutes. Mais il est très difficile de savoir ce qu’il se passe exactement parce qu’internet a été coupé dans tout le pays.   

Un black-out numérique      

Lors d’émeutes en 2009, les autorités iraniennes avaient coupé Twitter. Mais tout couper est rare, même si les Irakiens ont eux subi le même sort pendant deux semaines consécutives au début du mois. Depuis samedi, plus rien : les Iraniens et les étrangers vivant sur place ne peuvent plus se connecter, même par téléphone. Ce qui rend difficile l’évaluation de la situation sur place. On parle de dizaines de blessés, voire de morts. La seule chose qui sort, ce sont les communiqués du pouvoir, qui indiquent que 400 personnes ont étés arrêtées et que les émeutes sont sous contrôle. Les autorités ont annoncé qu’elles ne tolèreraient pas l’insécurité et les manifestations. Le message est clair : il y a répression, et interdiction de manifester.  

Depuis le début du blocus américain il y a un an, les prix ont été multipliés par trois, l’inflation et le chômage sont en hausse constante, et le pays sombre dans une crise économique et sociale grave. Les Iraniens sont pénalisés par un jeu géopolitique et les tensions qui règnent au sommet de la République islamique à trois mois des élections législatives. Il ne manquait plus que ce black-out numérique pour enfermer encore un peu plus les Iraniens dans leur solitude.

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