Législatives en Pologne : les pro-européens renversent les conservateurs

En Pologne, alors que les résultats étaient très incertains, selon les sondages sortis des urnes l'opposition pro-européenne remporte les élections législatives du 15 octobre. Le président de la "coalition civique", Donald Tusk, revendique la victoire. C'est la fin de 8 ans de pouvoir pour les conservateurs.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le principal chef de l'opposition polonaise, ancien Premier ministre et chef du bloc centriste de la Coalition civique, Donald Tusk, s'adresse à ses partisans au siège du parti à Varsovie, en Pologne, le 15 octobre 2023.. (JANEK SKARZYNSKI / AFP)

Certes, en nombre de voix, le parti au pouvoir, le PiS, termine la course en tête (36,8%), lors des élections législatives qui se sont déroulées en Pologne, dimanche 15 octobre, avec un taux de participation historique : quasiment 73%, de loin le plus élevé depuis la chute du régime communiste en 1989. Mais avec 200 députés, sur une assemblée de 460, ce n'est pas suffisant pour gouverner. Même avec l'aide de l’extrême droite Konfederajca, qui espérait "renverser la table" et n’obtient que 6% des voix.


En face, les trois partis d’opposition démocratique obtiennent 248 sièges, plus qu'il n'en faut pour former un gouvernent de coalition.

"La démocratie a gagné"


Dès dimanche soir, le leader de cette "plate-forme civique", l'ancien président du Conseil européen Donald Tusk, ne cachait pas sa joie : "Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie.. C'est la fin de cette mauvaise période, c'est la fin du règne du PiS. La Pologne a gagné, la démocratie a gagné".
C'était son pari : après son passage à Bruxelles, Donald Tusk avait replongé dans la politique polonaise pour défaire les nationalistes.

Pour les Polonais, cela va a priori changer beaucoup de choses. Donald Tusk a promis de protéger les droits des LGBT, de libéraliser le droit à l'avortement qui est l'un des plus restrictifs au monde. Sur le plan économique, il s'est engagé à freiner l'inflation, 11% attendus cette année.

L'obstacle : le président Duda

Mais tout ne va non plus changer d'un coup de baguette magique.Le président Andrzej Duda, membre du PiS, est l'allié des nationalistes. La nouvelle coalition n'obtiendra pas la majorité des trois cinquièmes nécessaire pour renverser les vetos présidentiels... Elle risque d'être confrontée à de fréquents conflits avec la tête de l'État.

Par ailleurs en vertu de la Constitution, c’est le président de la République qui désignera dans un premier temps le parti chargé de fonder une équipe gouvernementale. Le chef d’État devrait sauf surprise confier la tâche à son propre parti, sauf que cette mission est vouée à l'échec.

Les relations de la Pologne avec l'Union européenne vont considérablement s'apaiser. Varsovie est engagée dans un bras de fer avec Bruxelles en raison de ses réformes judiciaires accusées de saper l'indépendance des juges, de ses multiples lois qui remettent en cause de l'État de droit. Les 35 milliards d'euros du plan de relance européen sont gelés. Le changement de gouvernement devrait permettre à la Pologne de retrouver son argent, ses valeurs européennes et sa pleine place au sein des 27.

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