Malgré les appels au calme, le spectre de la violence ressurgit en Israël après une série d'attaques mortelles
Au moins cinq personnes ont été tuées mardi 29 mars dans un attentat près de Tel-Aviv. C'est la troisième attaque en une semaine dans le pays.
Cette dernière attaque s'est produite à Bnei Brak, une ville peuplée presque exclusivement de Juifs ultra-orthodoxes. Le tireur, qui a été tué par la police, s'en est pris aux passants à visage découvert. Les médias l'ont identifié comme étant un Palestinien de 26 ans originaire du nord de la Cisjordanie. Israël est en état de choc. En une semaine, trois attaques, dans trois villes différentes, ont fait 11 victimes. C'est le bilan le plus lourd depuis 2006.
Un risque de représailles
C'est le genre d'étincelle qui peut raviver le cycle des violences. L'attaque de mardi 29 mars n'a pas été revendiquée mais les deux précédentes, les 22 et 27 mars, ont été perpétrées par des Arabes israéliens liés à l'État islamique. La police israélienne s'est mise en mode "contre-terrorisme", l'armée a déployé des renforts en Cisjordanie occupée.
Le risque de représailles est réel. Mardi soir à Bnei Brak, la foule s'est rassemblée pour crier vengeance, "mort aux arabes" a-t-on entendu. Au même moment, plusieurs personnes se rendaient au domicile de la famille du terroriste pour lui rendre hommage. Selon des témoignages recueillis par l'Agence France Presse, des hommes ont distribué des friandises en guise de "célébration". Le Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, parle de "réponse naturelle aux crimes de l'occupation".
Une période tendue à venir
Le ramadan commence samedi, c'est une période de tensions plus importante parce que les grands rassemblements qui ont lieu en marge des fêtes favorisent les dérapages. D'autant qu'on assiste le mois prochain à une rare convergence avec la Pâque juive et elle devrait encore accroître les tensions entre Israéliens et Palestiniens. La police israélienne a déclaré qu'elle commencerait à se concentrer sur la lutte contre le terrorisme et la présence dans les rues, en réduisant d'autres activités et en allongeant la durée de ses services. Avant même cette dernière attaque, les services de sécurité israélien d'ailleurs étaient sur les dents, multipliant les contacts avec l'autorité palestinienne et la Jordanie pour, à la fois, coordonner leurs actions sécuritaires et tenter d'atténuer les tensions.
L'an dernier, des expulsions de familles palestiniennes à Sheikh Jarrah, dans un quartier de Jérusalem-Est, pendant la période de ramadan avaient créées un mouvement de colère, entraîné des heurts sur l'esplanade des mosquées entre forces israéliennes et manifestants palestiniens. En quelques jours, la confrontation s'était transformée en guerre ouverte entre le Hamas et l'armée israélienne. Le conflit avait duré 11 jours.
L'ONU condamne les violences
Le roi de Jordanie, qui administre l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem, a appelé mardi "à lever tout obstacle à la prière des musulmans" cette année et à empêcher les provocations qui pourraient entraîner une escalade. Les appels au calme se multiplient d'ailleurs en dehors du pays. Le patron de l'ONU Antonio Guterres a condamné "ces actes de violence" tout comme le chef de la diplomatie américaine.
L'Allemagne a, elle aussi, mis en garde contre une "spirale de violence". Sur place le président palestinien Mahmoud Abbas rappelle que le meurtre de civils – Palestiniens et Israéliens – ne fait qu'aggraver la situation, alors que "nous nous efforçons tous, dit-il, d'atteindre la stabilité".
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