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L’Azerbaïdjan bombarde la frontière du Haut-Karabakh : que se passe-t-il entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan ?

L'Azerbaïdjan a lancé mardi 19 septembre une opération militaire pour reprendre le contrôle de l'enclave arménienne située sur son territoire. Trois ans seulement après la dernière guerre qui a opposé les deux pays, la communauté internationale s'inquiète de la reprise des combats au Haut-Karabakh, qui pourrait en signer la fin.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les Arméniens exhortent le gouvernement à répondre à l'opération militaire azerbaïdjanaise devant le bâtiment gouvernemental à Erevan,19 septembre 2023. (KAREN MINASYAN / AFP)

Cette foi-ci, c'est peut-être la fin du Haut-Karabakh. Dans Stepanakert, la capitale entourée de montagnes, vivent encore plusieurs dizaines de milliers de personnes. Elles pèsent bien peu face à la supériorité militaire de l'Azerbaïdjan. D'autant qu'elles sont affaiblies par une crise humanitaire à grande échelle, littéralement coupées du monde depuis neuf mois. La seule et unique route qui les reliait à l'Arménie a été effectivement fermée, alors qu'elle était un véritable cordon ombilical par lequel transitaient la nourriture, les secours et les médicaments.

Mercredi 20 septembre, Bakou demande aux troupes arméniennes du Haut-Karabakh de déposer les armes et réclame la dissolution du régime séparatiste, faute de quoi, les opérations "anti-terroristes", qui ont déjà fait une trentaine de morts vont continuer. Le risque d'un nettoyage ethnique pointé par l'Arménie est réel.

L'Europe inaudible et l'allié russe occupé ailleurs

L'Arménie, qui a perdu la dernière guerre en 2020, est depuis affaiblie. Le premier ministre Nikol Pachinian a déjà fait comprendre que cette fois il n'interviendrait pas. L'Europe n'a même pas réussi ces derniers mois à faire aboutir sa tentative de médiation. D'autant qu'elle a dû se tourner vers l'Azerbaïdjan pour augmenter ses livraisons de gaz après la fermeture du robinet russe.

Sur place il y a bien une force de maintien de la paix, composée de 20 000 soldats russes, mais jusqu'ici elle a surtout brillé par sa passivité, incapable d’empêcher les nombreux accrochages militaires sur la ligne de contact entre le Haut-Karabakh et l'Azerbaïdjan. Moscou, traditionnel gendarme du Caucase, est lié à l'Arménie par un traité de défense. Ses forces armées pourraient tout à fait intervenir, si elles n'étaient pas mobilisées par la guerre en Ukraine. 

L'Azerbaïdjan a les mains libres

Le rapport de force est donc en faveur de l'Azerbaïdjan, il l'est d'autant plus qu'il peut compter sur le soutien diplomatique et militaire de la Turquie. Ankara a d'ailleurs qualifié l'offensive de "légitime". Le secrétaire général de l'ONU a demandé un "arrêt immédiat des combats", la France a dénoncé une offensive "illégale" et "injustifiable" et réclamé une réunion "d'urgence" du Conseil de sécurité de l'ONU. Mais Bakou traite avec beaucoup de mépris les condamnations et les appels au calme qui se multiplient sur la scène internationale. Le ministère de la Défense déclare mercredi 20 septembre au matin que ses opérations militaires se poursuivent "avec succès".

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