Japon : des écoles pour réapprendre à sourire, après des années de port du masque
Ça fait trois mois seulement que le Japon a cessé de recommander le port du masque contre le Covid, chacun désormais peut librement l'enlever ou le garder. Décision qui donne des vertiges à une grande partie de la population. Car se cacher pendant trois ans derrière cette "culotte de visage" comme disent parfois les jeunes Japonais, finalement c'était confortable. Rassurant.
Aujourd'hui beaucoup se sentent déstabilisés à l'idée d'exposer en public leur bouche ou leur menton. Et surtout ils ne savent plus très bien comment ça marche, comment on fait fonctionner ses zygomatiques. Résultat : les écoles pour apprendre (ou réapprendre) à sourire connaissent un succès foudroyant. L'une d'entre elle assure que la demande a été multipliée par quatre par rapport à 2022.
Apprendre à étirer ses muscles faciaux
Vous pouvez prendre des cours individuels, c'est une cinquantaine d'euros la séance, ou bien rejoindre une "classe du sourire". Vous êtes assis à une table, on vous apprend à doucement retirer votre masque sans trembler devant tout le monde. Puis devant un petit miroir, vous vous entraînez à étirer vos muscles faciaux, à montrer vos dents, à plisser les yeux ou à gonfler vos joues sous les conseils d'une coach.
Keiko Kawano est professeur de sourire chez "Egaoiku" ("Education au sourire" en japonais). Sa méthode, "Hollywood Style Smiling Technique", dont la marque est déposée, comprend des "yeux en croissant", des "joues rondes" et le modelage des bords de la bouche pour faire apparaître les huit dents du haut. Elle utilise aussi un logiciel de détection faciale : ça lui permet de noter les sourires de ses élèves. Parmi eux il y des vendeurs, des jeunes qui se préparent à des entretiens d’embauche ou des personnes qui veulent tout simplement se sentir à l'aise même sans masque. "Un visage souriant, dit-elle, est synonyme de bonheur".
Ancienne animatrice radio, Keiko Kawano a commencé à donner des cours en 2017 et, selon le South Mornig China Post, a également formé 23 autres personnes en tant que coachs du sourire pour diffuser les vertus et la technique de fabrication du sourire parfait à travers le Japon.
Un phénomène qui va durer
Dans un sondage de la chaîne de télévision NHK réalisé en mai, trois personnes sur quatre assurent toutefois qu'elles continueront à porter le masque. Moins par peur du virus que de la pression sociale. Ces écoles du sourire ont donc un bel avenir devant elles.
Les Japonais, qui ont tendance à être moins expressifs que les Occidentaux, préfèrent s'incliner plutôt que sourire : cela ouvre un filon pour la formation, notamment en entreprise. Et l'on ne parle pas que des employés qui sont au contact direct des clients. Certains apprennent à sourire davantage à leurs collègues ! Il paraît que c'est bon pour la productivité.
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