Hongrie : le déblocage attendu de fonds européens va-t-il permettre d'obtenir le soutien de Viktor Orban lors d'un sommet crucial pour l'Ukraine ?

La Commission européenne devrait décider mercredi de débloquer quelque 10 milliards de fonds européens pour la Hongrie, à la veille d'un sommet de l'Union européene que Viktor Orban a menacé de faire dérailler.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban assiste à une réunion avec le président russe Vladimir Poutine dans le cadre du 3e Forum de la Ceinture et de la Route à la Maison d'hôtes d'État Diaoyutai à Pékin, en Chine, le 17 octobre 2023. (GRIGORY SYSOEV /SPUTNIK / KREMLIN POOL / MAXPPP)

De l'argent frais pour Viktor Orban. La Commission européenne devrait débloquer, mercredi 13 décembre dans l'après-midi, 10 milliards d'euros pour la Hongrie. Une façon d'acheter son soutien avant un important sommet sur l'Ukraine.

Cet argent provient des "fonds de cohésion" réservés à une quinzaine de pays. Depuis un an maintenant, Bruxelles a gardé bien au chaud l'enveloppe de la Hongrie. Au total, 21,7 milliards d'euros destinés à être débloqués de façon progressive, selon le rythme des réformes prises par Budapest pour rattraper ses manquements à l'état de droit.  

En matière judiciaire la Hongrie a fait des progrès. Des mesures ont été prises au printemps notamment pour rétablir l'indépendance du Conseil national de la magistrature ou encore limiter les possibilités de recours du gouvernement contre les décisions des tribunaux. A priori, selon la Commission qui devrait donner son feu vert, cela justifie le déblocage de près de la moitié des fonds, soit 10 milliards d'euros. 
L'autre partie en revanche est toujours gelée en attendant des progrès sur les conditions de passation des marchés publics, les droits des LGBT+ et le droit d'asile. 

Amadouer Viktor Orban

Certains eurodéputés accusent néanmoins la Commission de céder au "chantage" du dirigeant hongrois Ils estiment que Budapest n'offre en réalité aucune garantie de protection de la démocratie. Mardi soir par exemple, le Parlement hongrois a voté une réforme du code électoral qui va permettre au parti de Viktor Orban de reprendre la main dans la capitale lors des municipales en juin. Il a aussi validé la création d'une autorité de surveillance contre les interférences étrangères, avec à la clé des peines de prison... Faux nez d'une nouvelle offensive pour museler les contre-pouvoirs.

Si la Commission fait un geste en direction du dirigeant nationaliste, en ouvrant les cordons de la bourse, c'est donc pour l'amadouer, obtenir en échange qu'il ne fasse pas usage de son droit de veto jeudi au sommet des 27 qui doit valider une aide de 50 milliards d'euros à l'Ukraine et lancer les négociations d'adhésion. Un refus qui ferait voler en éclat l'unité européenne

Viktor Orban, qui se vante d'avoir gardé des relations étroites avec Vladimir Poutine, explique depuis des semaines que l'Ukraine n'est pas prête à intégrer l'union, dénonçant au passage les pressions "insupportables" de ses partenaires. Elles sont à la hauteur de l'enjeu. Faute d'unanimité, Kiev, déjà plus ou moins lâché par les États-Unis, se retrouverait en réelle position de faiblesse militaire et politique face à la Russie. Ce serait comme dérouler un tapis rouge à Moscou. Les Européens sont d'autant plus inquiets que la Slovaquie et l'Autriche pourraient suivre la Hongrie. 

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