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Guerre en Ukraine : la Pologne, véritable base arrière de la résistance à l'agression russe

Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian a annoncé que l'Europe allait créer en Pologne une plate-forme pour coordonner et organiser le transport de l'aide qui sera envoyée aux Ukrainiens restés dans leur pays.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des habitants de la ville de Przemyśl collectent de l'aide humanitaire dans un gymnase converti temporairement en centre d'accueil pour les réfugiés ukrainiens le 1er mars 2022. (ABDULHAMID HOAYBAAY / ANADOLU AGENCY)

Depuis jeudi 24 février, plus de 200 000 Ukrainiens sont entrés en Pologne, essentiellement des femmes et des enfants (les douaniers empêchent les hommes de sortir). L'attente dans la file interminable des véhicules dure souvent plusieurs jours et des dizaines de milliers de personnes attendent encore de passer. En Pologne à la fois l'aide militaire et humanitaire apportée à l'Ukraine s'organise. Le pays s'est transformé en véritable base arrière de la résistance à l'agression russe. 

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Il y a d'abord cet énorme élan de solidarité des Polonais ordinaires qui viennent spontanément à la frontière distribuer à tour de bras des manteaux et des bonnets contre le froid, du thé, de la soupe et même des couches-culottes. Toujours à la frontière, un opérateur distribue gratuitement des cartes téléphoniques, il suffit de présenter son passeport ukrainien. Même chose pour les billets de train qui permettent de voyager à travers tout le pays jusqu'en Allemagne.

Un hub humanitaire en Pologne

L’aide est tellement abondante que le maire de la ville frontalière de Przemyśl a demandé aux habitants de ne plus rien apporter et de plutôt s’inscrire pour des dons ou du covoiturage. Sur les réseaux sociaux également, ça bouillonne : il y a des collectes d'argent et de médicaments, des offres de logements voire de travail à ceux qui n'ont pas de famille pour les accueillir dans le pays.

L'Europe veut même créer un hub humanitaire en Pologne. L'annonce a été faite hier par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Il s'agit de créer une plate-forme pour coordonner et organiser le transport de l'aide qui sera envoyée aux Ukrainiens restés dans leur pays. La Pologne partage plus de 500 km de frontière avec l’Ukraine, il y a donc de nombreux points de passage qui servent aussi aux Ukrainiens en âge de combattre. En Pologne, la communauté ukrainienne représente à peu près 1 million de personnes. Chaque jour, une quinzaine de minibus acheminent ces volontaires à la frontière pour un aller simple vers la guerre.

Un centre de coordination militaire

L'idée des Européens est d'ailleurs aussi d'installer en Pologne un centre de coordination militaire pour toutes les armes et le matériel envoyés aux soldats ukrainiens, qui sont fournis à la fois par les Européens, les Canadiens ou les Américains. L'activité militaire est déjà importante en Pologne, au moins dans l'espace aérien. Le pays représente le flanc est de l'OTAN et les missions aériennes se sont intensifiées depuis plusieurs jours. Chaque jour, deux Rafale et un avion ravitailleur partent par exemple de France pour effectuer des patrouilles dans le ciel polonais. C'est ce que l'état-major appelle de la solidarité stratégique.

La base américaine permanente installée dans le centre du pays a quant à elle largement doublé ses effectifs : environ 9 000 militaires y sont désormais stationnés. Les États-Unis, qui ont aussi depuis une vingtaine d'années des missiles antimissiles en Pologne, coordonnent un nouveau groupement tactique multinational qui là encore fait partie de la panoplie de dissuasion. L'OTAN rappelle régulièrement que toute attaque contre l'un de ses membres sera considérée comme une attaque visant l'ensemble de l'Alliance, au cas où le conflit ukrainien déborderait chez son voisin polonais.

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