Etats-Unis : la Maison Blanche dépoussière la justice militaire, pour lutter contre les violences sexuelles dans l’armée

Le président américain Joe Biden a signé cette semaine le décret d’application de plusieurs mesures destinées à renforcer la répression en matière de violences sexuelles dans l'armée.
Article rédigé par franceinfo - Loig Loury
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le président américain Joe Biden à Washington le 1er juin 2022 (SAUL LOEB / AFP)

C'est une réforme "historique", selon la Maison Blanche, la plus importante concernant la justice militaire depuis 1950. Principale mesure ratifiée par Joe Biden cette semaine : la mise en place de procureurs spéciaux indépendants, qui traiteront en particulier les affaires de violences sexuelles et de violences conjugale dans l'armée américaine. Ces procureurs, qui ne seront donc plus rattachés à la hiérarchie militaire, remplaceront les commandants jusque-là responsables des enquêtes et des éventuelles poursuites contre leurs propres subordonnés.

Ce système était depuis longtemps accusé d’être synonyme de conflits d’intérêts, de favoriser l'impunité des agresseurs et de décourager les victimes de se manifester. Cette modernisation de l’appareil judiciaire militaire américain, assure l’administration Biden, permettra une meilleure protection des victimes.

Plusieurs milliers d'agressions sexuelles par an

D’octobre 2021 à septembre 2022, près de 9 000 agressions sexuelles ont été signalées dans l’armée américaine. Mais ces statistiques sont très en-dessous de la réalité : une commission d’enquête estimait en 2021 que chaque année, 20 000 militaires subissaient une agression sexuelle. Sur ce nombre, moins de 8 000 en moyenne se manifestent et 5 000 demandent l’ouverture d’une enquête. Seul un petit nombre de ces plaintes entraîne une action en bonne et due forme de la justice, il y avait donc urgence.

Mais c’est aussi une série d’affaires très médiatisées qui ont forcé la main de l’administration : le meurtre de Vanessa Guillen en 2020 avait notamment choqué l’opinion. Elle, qui avait porté plainte pour harcèlement sexuel et dit à sa famille de ne pas faire confiance à l’appareil militaire, avait disparu pendant deux mois avant que son corps démembré ne soit finalement découvert. Depuis, sa famille se battait pour réformer la justice militaire. 

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